« C’est la première fois que nous les rencontrons en tête-à-tête », souligne Jean-Michel Granjon, responsable de la commission des dégâts de gibiers du syndicat, à la sortie de ce rendez-vous entre les représentants de la Confédération paysanne avec le bureau de la Fédération nationale de la chasse (FNC).

La rencontre a été organisée dans un contexte de relations tendues entre les exploitants et les chasseurs. « Le but du rendez-vous, estime Laurent Pinatel, porte-parole du syndicat, était de nous expliquer la prochaine réforme de leur chasse. »

Vers des relations apaisées

« Il y a eu un vrai changement de ton », souligne Laurent Pinatel. Lors de la rencontre avec Sébastien Lecornu au début du mois de septembre, les chasseurs minimisaient les dégâts causés par le sanglier et le grand gibier en général. Mais lors de cette réunion du 17 octobre, à la veille du lancement des travaux de la loi sur la chasse, leur position semble s’être assouplie.

« M. Schraen nous a clairement avoué qu’il y avait trop de sangliers, et que la situation n’était plus tenable », raconte le porte-parole de la Confédération paysanne. La solution proposée par la FNC pour résoudre le problème serait alors d’augmenter la pression financière sur les chasseurs, en rendant la contribution pour les dégâts obligatoire, assortie d’un taux variable selon les secteurs.

« Les fédérations départementales devront se débrouiller, explique M Pinatel, et comme ils n’auront plus les moyens de payer, ils seront obligés de tuer. » Les agriculteurs ne seraient pas, a priori, associés à la réflexion concernant les zones à privilégier. Cette taxe sera mise en application à partir du premier janvier, pour devenir effective dès juillet 2019 à l’ouverture de la nouvelle saison.

Pas d’objectifs chiffrés

Si elle se félicite de cet aveu, et de la reconnaissance des difficultés causées aux agriculteurs par le grand gibier, la Confédération paysanne restera vigilante quant aux applications concrètes de ces annonces.

« Il n’y a pas d’objectifs concrets sur le nombre de bêtes à abattre, déplore Jean-Michel Granjon, et on ne sait pas comment ces mesures descendront dans les fédérations départementales. »

« Cette réforme pourra donner des résultats, mais elle ne doit pas remplacer une régulation organisée par l’État », souligne Jean-Michel Granjon. Un rôle d’interface entre chasseurs et agriculteurs que le gouvernement devra assumer à l’occasion de la future loi chasse.

Peste porcine africaine

La peste porcine était également au menu de la rencontre. « Les chasseurs se disent prêts à abattre tous les sangliers sur une zone blanche à proximité de la frontière », rapporte Laurent Pinatel. Une position compatible, selon lui, avec l’absence d’abattage de porcs de plein air prônée par le syndicat.

Ivan Logvenoff