« La culture est perdue », se désole Pascal Hamon. Semé à la mi-août, le colza fourrager est plutôt bien développé quand il passe surveiller le champ dimanche dernier. Mais quand il revient mardi soir, plus une feuille n’est intacte. « Le colza était tout dentelé, raconte l’exploitant, comme des napperons. »

Sur les tiges restantes pendent des larves noires. Inquiet, Pascal s’approche et prend des photos qu’il envoie à son conseiller en cultures. Réponse du technicien : il s’agit de la tenthrède de la rave, dont les dégâts, comme le prévoyait déjà l’exploitant, ne pourront pas être rattrapés.

1 ]]>

Attention, larves voraces

Pourquoi une attaque si soudaine ? « Les températures élevées depuis quelques semaines, soupçonne Pascal, jouent énormément pour le développement de cet insecte. »

La tenthrède de la rave est un insecte de la famille des hyménoptères qui pont sur les feuilles des crucifères. Sorte de mouche de couleur orangée, elle est assez visible, voletant sur les cotylédons ou les jeunes pousses. « Les mouches, rappelle l’exploitant, peuvent pondre jusqu’à 300 œufs par jour. » Et si la mère est d’apparence inoffensive, les larves, quant à elles, sont voraces.

Tenthrède aperçue dans le champ de colza grain de Pascal Hamon. © I. Logvenoff/GFA

Noires et semblables à des chenilles, elles raffolent des feuilles tendres du colza et du chou. « Le seul remède, estime Pascal en évoquant les conseils du technicien, c’est un insecticide de synthèse ».

Rester vigilant malgré les conditions difficiles

« Comme c’était un colza fourrager, regrette Pascal, je suis passé moins souvent, et j’ai raté les mouches. » Ces dégâts auront au moins eu le mérite de l’alerter sur la présence de l’insecte.

Pour le colza grain semé récemment à quelques centaines de mètres de là, il veut être plus attentif. La sécheresse, cependant, complique la situation. « La levée est irrégulière, confie Pascal, et c’est difficile de gérer le problème. »

Il se rend désormais deux fois par jour dans ce deuxième champ, attendant le moment propice pour traiter. « Il faudra passer une première fois pour les mouches, et une seconde fois pour détruire les larves. » Le vent breton, actuellement, empêche également tout traitement.

Traiter, et après ?

Ce colza fourrager aurait dû nourrir ses vaches à la fin de l’hiver. « Il devait assurer la soudure, explique Pascal, mais c’est foutu. » Un stock représentant environ un mois et demi, « sur une année où on tape déjà dans les stocks ». Face à la sécheresse, il a déjà bottelé les pailles de colza, et de féverole, afin de tenir jusqu’au printemps.

Les larves entraîneront une perte de temps, et d’argent. « J’ai perdu la semence, et il va falloir revenir pour tout détruire et ressemer une culture d’hiver. » Une opération qui dépendra du retour de conditions plus favorables. « Si le sec perdure, rappelle l’exploitant, c’est cuit. »

Ivan Logvenoff