Il est déjà l’heure de faire des choix pour Nicolas Hulot. Plusieurs mois avant de présenter la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le ministre d’État tranche finalement assez tôt en faveur du nucléaire. En estimant « difficile » l’atteinte de l’objectif de 50 % de part nucléaire dans le pays en 2025, au lieu de 75 % aujourd’hui, il remet en question cet objectif inscrit dans la loi sur la transition énergétique, porté par le dernier gouvernement.

Un arbitrage en faveur du plan climat

À la sortie du conseil des ministres, Nicolas Hulot a justifié cette position par le recours aux énergies fossiles s’il fallait absolument tenir ce cap de 50 % de nucléaire en 2025. Le gestionnaire Réseau de Transport d’Électricité (RTE) souligne lui aussi ce mardi 7 novembre la « difficulté » à atteindre l’objectif de 50 % en 2025 pour respecter l’objectif de baisse des émissions de CO2.

Ce cap « conduit systématiquement à une augmentation des émissions de CO2 du système électrique français », en raison d’une utilisation accrue des centrales à gaz, souligne RTE dans son bilan prévisionnel. Ce scénario repousserait aussi la fermeture des centrales à charbon après 2025. Tout cela va à l’encontre du plan climat voulu par Nicolas Hulot.

Les énergies renouvelables à la traîne

Le ministre de la Transition écologique et solidaire avait évoqué cet été la possibilité de fermer jusqu’à 17 réacteurs nucléaires pour atteindre les objectifs du pays. Mais selon les calculs de RTE, pour baisser la part du nucléaire dans la production d’électricité française à 50 % d’ici à 2025, il faudrait fermer 24 réacteurs nucléaires, en parallèle d’un fort développement des énergies renouvelables (ENR).

Et celles-ci constituent aussi un sujet d’inquiétude. La France est en retard sur presque tous ses objectifs de développement des ENR à l’horizon de 2020. L’éolien patine notamment en raison des recours et des délais. Le photovoltaïque ne s’en sort guerre mieux. Selon l’observatoire communiqué par France Territoire solaire ce lundi 6 novembre, seuls 300 MW ont été raccordés au premier semestre de 2017. C’est mieux parti qu’en 2016, la pire performance depuis 2010 avec seulement 550 MW raccordés, mais c’est très loin des années intermédiaires et des projections pour atteindre les objectifs de la PPE.

L’objectif de 50 % maintenu sans date

Seule certitude pour la révision de la PPE en 2018, Nicolas Hulot affirme que la centrale nucléaire de Fessenheim « sera fermée dans le quinquennat. Il faudra étudier les différents scénarios, a-t-il ajouté. Tout ça va prendre quelques mois et, en fonction de ça, nous fixerons une nouvelle date », a-t-il expliqué en rappelant que le gouvernement gardait cet objectif des 50 %.

Vincent Gobert