Les cours des céréales évoluent peu, le marché européen étant peu actif en cette semaine de Toussaint. Le maïs français continue sur sa lancée, tandis que le blé français reste à l’arrêt.

Blé : sortie de crise en Égypte ?

Les prix mondiaux du blé ont reculé au cours de la semaine sur la plupart des places internationales, à l’exception du Hard Red Winter (blé de haute qualité meunière) qui a tout récemment rebondi de 3 $/t à 200 $/t, en raison du tout récent achat de l’Irak pour 450 000 t. Les cotations fourragères et meunières françaises en euros ont été reconduites au cours d’une semaine décousue, en raison d’un jour férié, tout comme le blé meunier français exprimé en dollar. Les blés meuniers ont reculé, de 1 $/t pour le russe et de 2 $/t pour le Soft Red Winter.

Cette semaine, l’Égypte a communiqué via son ministère de l’Agriculture une liste de règles de conduite pour l’inspection des marchandises importées par bateaux. Cet événement intervient après les imbroglios de la campagne passée sur le taux d’ergot toléré qui a échaudé les opérateurs (ou plus récemment sur la présence de graines de coquelicot). Ces derniers ont instauré une prime de risque de 500 000 $ par bateau. Cette situation a conduit à la toute-puissance de la Russie vers cette destination depuis le début de la campagne de 2017-18. Pour le moment, les exportateurs ont salué cette initiative, mais nous verrons lors du prochain appel d’offres l’efficacité réelle de cette nouvelle mesure.

Orge : l’activité démarre enfin

Pour l’orge fourragère, le rendu Rouen a très légèrement reculé à 151,75 €/t, tandis que le Fob Rouen a perdu un peu plus de 2 $/t à 185 $/t. L’écart s’est fortement accentué avec les origines mer Noire, faisant suite à l’important renchérissement des cotations russes (+5,5 $/t) alors même que les Russes disposent d’une récolte record. L’orge française commence à bénéficier de cette opportunité pour exporter vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, malgré les premiers mois de la campagne décevants. Par ailleurs, l’activité française vers les autres pays de l’UE est soutenue, mais la demande devra se maintenir plusieurs mois afin d’écouler les disponibilités françaises.

Pour les orges de brasserie, la semaine a également été extrêmement calme et les cotations ont été reconduites.

Maïs : le spectre d’importations records rôde

La récolte française se termine avec 89 % réalisés au 30 octobre, une part importante des parcelles qui restent à rentrer se situe en Bretagne. Les prix du maïs français continuent la hausse amorcée la semaine dernière, avec +4 €/t en Fob Bordeaux et +2 €/t en Fob Rhin. Les maïs français ont profité de la baisse de l’euro face au dollar mais ont aussi été soutenus par le renchérissement des maïs outre-Atlantique. Malgré des estimations de rendement qui sont revues à la hausse à mesure que la récolte américaine progresse, les maïs US gagnent 2 $/t cette semaine, sous l’effet d’une bonne demande à l’exportation (notamment vers le Mexique et la Corée du Sud) et d’utilisations pour la production d’éthanol qui restent élevées (+3 % sur octobre 2017 par rapport à octobre 2016).

En Ukraine, les prix varient peu malgré des rendements qui restent nettement en retrait par rapport à l’an dernier alors que 60 % des maïs sont déjà moissonnés. Après une petite baisse la semaine dernière, les prix brésiliens reprennent des couleurs (+4 $/t) car la rétention et les exportations sont encore fortes. Au cours des trois derniers mois, le Brésil aurait exporté plus de 15 Mt de maïs, un niveau exceptionnellement élevé. Avec ces récentes évolutions de prix, les maïs importés restent nettement attractifs dans l’UE, notamment par rapport aux maïs français. Le rythme hebdomadaire des importations reste d’ailleurs élevé, avec 280 000 t cette semaine, ce qui porte le total du mois d’octobre à 1,4 Mt, presque trois fois plus que le chiffre enregistré l’an dernier.

Inquiétude sur les rendements US et rebond des cours du soja

Les prix du soja regagnent du terrain cette semaine sur le marché de Chicago. Ainsi, le cours du soja US sur le marché à terme nord-américain remonte de plus de 6 $/t sur l’échéance novembre 2017. La récolte avance bien dans les plaines de la « soy belt », avec 85 % des champs coupés (70 % la semaine dernière). Cependant, des retours de terrain indiquent des rendements en dessous des attentes, et plusieurs opérateurs ont commencé à revoir à la baisse leurs prévisions. Le rapport de l’USDA de la semaine prochaine est donc très attendu.

Par ailleurs, l’environnement mondial continue de soutenir les cours : le temps est toujours trop sec au Brésil (malgré quelques pluies bénéfiques), et le rythme des ventes US reste élevé, avec près de 2 millions de tonnes vendues (dont 1,5 Mt vers la Chine). Le phénomène La Niña continue d’inquiéter le marché, avec un risque de sécheresse dans les prochains mois sur les zones de production sud-américaines.

Malgré ces éléments, les ventes US restent en net retard par rapport à l’an dernier (30,4 Mt au 26 octobre contre 36,1 Mt l’an dernier à la même date), alors que la fenêtre de vente se raccourcit car la nouvelle récolte brésilienne arrive à partir de février (à des prix compétitifs). Sauf nette diminution des perspectives de récolte, les prix devraient donc s’affaisser à partir du début de 2018.

La bonne demande fait monter les prix du colza

Cette semaine, le prix du colza sur le marché français continue sur sa lancée haussière. Le prix rendu Rouen augmente de 6 €/t, tandis que le colza Fob Moselle voit son prix croître de 8 €/t. Avec le passage au contrat de février, les cours sur Euronext gagnent 10 €/t, à 379,25 €/t.

Les cours de la graine sont de nouveau soutenus par une hausse du prix de l’huile de colza. Avec l’arrivée de l’hiver, les pétroliers se tournent davantage vers du biodiesel à base de colza (dont le risque de gel est moins élevé), soutenant ainsi les cours de l’huile. Les prix de la graine bénéficient aussi de la hausse des cours du soja (voir ci-dessus), ainsi que de la baisse de l’euro face au dollar. Le marché mondial est lui aussi porteur, avec une tension notable chez les principaux exportateurs : les disponibilités ukrainiennes qui se tarissent entraînent un regain de demande vers les origines canadienne et australienne.

Le cours du canola canadien est ainsi en hausse de près de 7 $/t cette semaine, soutenu par la bonne demande internationale, et par des retards de récolte (principalement en Alberta).

Le prix du tournesol est inchangé à 320 €/t à Saint-Nazaire.

Les tourteaux se renchérissent

À la suite de la graine de soja, le tourteau de soja sur le CBOT gagne environ 6 $/t, tandis que la cotation à Montoir gagne 3 €/t sur la semaine.

Le prix du pois fourrager s’affaisse à 180 €/t départ Marne (–5 €/t).

Le pois jaune rendu Rouen reste coté à 197 €/t, stable depuis presque un mois.

À SUIVRE : application du cahier des charges égyptien, début de récolte de blé en Argentine, révision à la hausse de la récolte de maïs US par le ministère le 9 octobre ?, semis de soja au Brésil et en Argentine, résultats de récolte de soja aux USA et de canola en Australie, demande d’huile de colza en Europe, taux de change.

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