Selon une enquête de l’agence de presse Reuters publiée le 19 octobre, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), organe de l’OMS, aurait modifié le rapport d’évaluation du glyphosate afin de classer celui-ci comme « probablement cancérogène », alors que plusieurs résultats scientifiques concluaient l’inverse.

Reuters s’est procuré une version antérieure du rapport final publié sur le glyphosate. Il y a trouvé « dix changements significatifs » qui ont été faits entre le projet de chapitre sur les études animales et la version publiée de l’évaluation du glyphosate du Circ.

« Dans chaque cas, une conclusion négative sur le glyphosate conduisant à des tumeurs a été supprimée ou remplacée par une réponse neutre ou positive », indique l’agence de presse. Par exemple, une phrase comme « Les auteurs ont conclu que le glyphosate n’était pas cancérogène chez les rats Sprague Dawley » aurait été remplacée par « Le groupe de travail n’a pas été en mesure d’évaluer cette étude en raison des données expérimentales limitées fournies dans l’article de revue et des informations supplémentaires ».

Processus opaque

Reuters révèle également que, contrairement à d’autres agences comme l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) ou l’Agence américaine de protection de l’environnement, le Circ n’a révélé que peu de détails sur le processus d’examen des substances chimiques.

Bien que le Circ soit la seule agence ayant classé le glyphosate comme cancérogène probable, son influence est grande, et pèse notamment sur les débats ayant lieu en ce moment dans l’Union européenne.

L’évaluation du Circ est aussi un argument de poids pour de nombreux plaignants américains victimes de cancers, ayant attaqué Monsanto en justice en raison d’une exposition au Roundup.

Le Circ n’a pas répondu aux questions de Reuters sur les modifications et a déclaré que le document récupéré par l’agence de presse était « confidentiel » et « de nature délibérative ».

A.M.