Lors d’une conférence de presse le 17 octobre à Paris, l’AFBV (Association française des biotechnologies végétales) a insisté sur le fait que « tous les types d’agriculture, à condition de s’inscrire dans une démarche agroécologique, doivent pouvoir coexister ». Car ils sont « confrontés aux mêmes défis : produire plus et mieux avec moins, s’adapter au changement climatique et répondre aux évolutions des demandes des industriels et des consommateurs. »
« L’amélioration des plantes est un levier considérable de progrès pour toutes les agricultures, appuie Alain Deshayes, président de l’AFBV. Il n’est pas possible aujourd’hui de traiter les questions agricoles et agroalimentaires en excluant a priori les aspects scientifiques et technologiques. »
Lettre au Premier ministre
L’association craint « que la deuxième phase des États-généraux de l’alimentation (EGA) ne tourne à une confrontation entre l’agriculture dite conventionnelle et l’agriculture biologique ». Et elle l’a fait savoir dans une lettre envoyée la semaine dernière au Premier ministre, Édouard Philippe, ainsi qu’aux ministres concernés par les EGA.
« Tous les problèmes posés par les EGA ne peuvent ignorer la science et la technologie », juge-t-il également, avant de regretter que le président de la République, Emmanuel Macron, n’ait pas parlé de ces sujets dans son interview télévisée du 11 octobre.
« Il serait irresponsable de la part des participants aux EGA de préconiser une baisse des usages des pesticides et ne pas, simultanément, soutenir activement l’amélioration des plantes pour obtenir, par exemple, des plantes génétiquement résistantes à des maladies ou à des insectes nuisibles », soutient l’AFBV. De même il serait irresponsable « de prétendre promouvoir l’amélioration des plantes et en même temps interdire de fait l’utilisation des biotechnologies végétales. Ce serait comme s’interdire l’usage des technologies du numérique dans une société de plus en plus connectée. »
L’association estime aussi qu’il n’est pas responsable de « vouloir adapter rapidement nos productions aux nouvelles attentes de la société et au changement climatique et refuser a priori l’usage de certaines biotechnologies végétales, comme les technologies d’édition de gène (par exemple Crispr-Cas 9) qui permettent d’accélérer la sélection des plantes. »
Des éléments de réponse aux questions posées aux EGA
Selon l’AFBV, « l’amélioration des plantes offre des éléments de réponse aux questions posées dans les ateliers aux EGA ». Dans un rapport destiné aux participants des États-généraux, elle met ainsi en avant « des solutions innovantes que pourraient offrir les biotechnologies végétales pour l’amélioration des plantes », grâce aux techniques d’édition de gènes notamment. Dans ce rapport sont présentés différents exemples de produits végétaux qui ont déjà fait l’objet de publications scientifiques ou qui sont déjà commercialisés dans certains pays.
Un soja dont l’huile est enrichie en acide oléique (80 %) devrait être lancé par la société Calyxt en 2018. Des pommes qui ne brunissent pas quand elles sont épluchées sont déjà commercialisées au Canada. 70 000 arbres ont été plantés en 2016, avec une extension prévue à 300 000 arbres en 2017. L’objectif commercial est de 15 000 t par an. Autre exemple : des pommes de terre « Innate » produisant moins d’acrylamide lors de la cuisson (friture) ont été introduites aux États-Unis en 2015. Sont encore au stade de la recherche (en Espagne notamment), des variétés de blé pour des personnes allergiques au gluten, à faible teneur en gliadines.