«C’était début janvier 2016. Comme à l’accoutumée, je me suis réveillé vers 4 heures du matin. Je me lève, et j’aperçois la cour nord très éclairée. J’ouvre le Velux et je constate qu’il y a beaucoup d’activité dehors. J’ai commencé à avoir des frissons. Je suis passé dans la pièce voisine et j’ai découvert, à 100 mètres, un immense brasier de 40 m de long, avec des flammes de 10 m de haut. Il s’agissait de mon bâtiment rempli de foin et de paille. L’ammonitrate que j’y entreposais attisait le feu. Quand je suis sorti, les pompiers étaient déjà là.

Une camionnette inconnue

Par chance, ce hangar était à l’écart, il n’y avait pas de risque de propagation au reste de la ferme. Les hommes du feu, qui ont protégé les lignes à moyenne tension, ont arrêté leurs lances vers 8 heures du matin. Les gendarmes étaient aussi présents. J’ai réussi à joindre mon assureur, en tout début de matinée. Il m’a confirmé que j’étais bien assuré, cela m’a enlevé du stress.

L’enquête a démarré et a révélé qu’au milieu des flammes, il y avait un véhicule qui ne m’appartenait pas. Celui-ci avait été volé le matin de l’incendie. Les gendarmes ont vite fait le rapprochement. Des voleurs s’en étaient servis pour cambrioler une société de matériel informatique à quelques kilomètres de mon exploitation. C’est d’ailleurs le gérant de cette entreprise qui a prévenu les pompiers, car il avait aperçu l’incendie en se rendant au dépôt dans lequel l’alarme s’était déclenchée. Mais les voleurs étaient déjà partis avec du matériel. Après leur larcin, les malfaiteurs sont venus dans mon silo pour transférer la marchandise d’un véhicule à l’autre. Ils auraient cherché un endroit propre pour cela, afin de ne pas laisser de traces ni sur leurs chaussures, ni sur les pneus. Les investigations ont montré qu’avant de prendre la fuite, ils avaient mis le feu à la camionnette volée. Sous la température, les câbles de frein ont lâché et elle a reculé, en flammes, 15 mètres plus bas, pour atterrir dans mon bâtiment. Depuis, j’ai reconstruit un hangar, mais j’ai eu des soucis avec le constructeur, cela n’est toujours pas réglé. Les brigands n’ont pas été rattrapés sur le coup. Ils n’ont été retrouvés que deux ans après. Je me suis constitué partie civile, je vais voir ce qui va se passer. »

Propos recueillis par Louise Cottineau