Dimanche 27 octobre 2019, était diffusé sur France 5 un reportage sur la culture de la lentille en France et à l’étranger. Pour une fois, loin de l’agribashing, cette émission a apporté une vision plus objective de la qualité de l’agriculture française. Elle va à la rencontre d’un agriculteur, Emmanuel de Veyrac, qui produit des lentilles vertes du Puy en Velay. L’AOP soumet la production de la légumineuse à un cahier des charges qui assure une faible exposition aux traitements phytosanitaires.
« On était un peu inquiet au début, mais le reportage est bien équilibré. Il explique bien notre problématique », nous a confié Emmanuel de Veyrac.
Les journalistes partent ensuite au Canada, dans la province de la Saskatchewan où ils découvrent un autre mode de production. Selon France 5, les lentilles y sont traitées jusqu’a 4 fois pour assurer la propreté des champs. Avant la récolte, la culture est dessiquée avec du Réglone ou du glyphosate. « La dessiccation avec ce pesticide controversé est interdite en France depuis 15 ans », précise le reporter.
Importation des lentilles en France
Les légumineuses canadiennes arrivent ensuite sur le marché français, sur lequel elles font concurrence à la production nationale, plus saine.
En septembre 2017, l’association Générations Futures a fait une analyse de divers produits vendus en France. Parmi les lentilles, celles qui s’avèrent être les plus contaminées par du glyphosate proviennent, selon l’émission, du Canada. « Les résidus de pesticides au-dessus du milligramme par kilo, ce n’est pas des infimes traces. Cela veut dire qu’on a utilisé le produit de manière intensive sur la culture, probablement en fin de culture pour sécher les plantes avant la récolte », précise François Veillerette, directeur de Générations Futures.
Changement de norme
Si l’interdiction du glyphosate est dans l’air du temps en Europe, la limite maximale à l’importation a été relevée de 0,1 mg/kg avant 2012 à 10 mg/kg en 2018, selon France 5. « Derrière ce changement de norme européenne, il y a un pays : le Canada », précise la journaliste de France 5. « C’était très difficile pour nous d’exporter nos produits », affirme Carl Potts, directeur de l’association canadienne des producteurs de légumineuses de la Saskatchewan. Il aurait convaincu les autorités européennes de réexaminer ce taux. « Elles finirent par multiplier les limites de résidus de pesticides par 100. Et on a pu ainsi continuer à exporter nos lentilles dans l’Union européenne », avoue le lobbyiste.
L’Efsa a publié sa décision le 16 janvier 2012.
L’émission est disponible en replay sur le site de France 5.