Début du mois de septembre, la mort de trois vaches à proximité de la commune de Verny, en Moselle, a suscité suffisamment d’inquiétudes pour que le groupement de défense sanitaire (GDS) de Moselle mette en garde tous ses adhérents du département. « Cette série d’incidents est liée à la sécheresse et à la canicule, explique Lucile Adèle, directrice du GDS. Ainsi, par manque d’herbe au pré, les bêtes se sont approchées des berges d’une mare non loin, et ont consommé une plante restée verte, par conséquent appétente. Face à la rapidité de l’intoxication et son origine d’abord incertaine, le vétérinaire a dû réaliser des recherches croisées dans la littérature scientifique afin de mettre un nom sur le probable coupable : la glycérie aquatique. »
Il est, en effet, complexe pour les praticiens d’apprécier ce genre d’intoxication. « L’identification de la plante incriminée se révèle souvent délicate, du fait de connaissances botaniques insuffisantes et de la grande contenance ruminale, ce qui implique une faible représentativité des échantillons de ce contenu, souligne Denis Turquet, vétérinaire à Montigny-lès-Metz, et dont la clinique a traité les trois cas précités. Déterminer la quantité exacte consommée, et donc prouver la relation entre l’ingestion ainsi que les symptômes observés est complexe. Les données bibliographiques sont éparses, parfois anciennes. Il existe, par ailleurs, une grande diversité de plantes, ce qui ne simplifie pas notre tâche. »
En outre, peu de laboratoires sont aptes à réaliser une identification microscopique des plantes ingérées par examen phyto-histologique des débris végétaux contenus dans le rumen. Pour obtenir des informations très précises, Denis Turquet conseille de se référer à la thèse d’un étudiant vétérinaire, rédigée en 2009, intitulée « Contribution à l’élaboration d’un site internet de toxicologie végétale chez les ruminants » (1).
Cyanure d’hydrogène
Si la glycérie aquatique est intéressante pour renforcer la stabilité des berges, elle l’est beaucoup moins pour les herbivores : toutes ses parties sont toxiques. Selon le GDS de Moselle, « elle contient un hétéroside cyanogénétique, la durrhine, qui, en se dégradant, se transforme en cyanure d’hydrogène. Ce dernier provoque une intoxication lors de son absorption par la circulation sanguine. La toxicologie est variable selon l’âge de la plante, les terrains et les conditions météorologiques ». Si les intoxications survenues en Moselle concernent trois bovins, les ovins peuvent aussi être victimes de cette plante. En fonction de la quantité ingérée, la mort de la bête survient en quelques heures, elle peut même être très brutale en cas d’intoxication suraiguë.
Difficile de traiter
S’agissant des symptômes, les animaux touchés présentent des difficultés respiratoires, des muqueuses rouge brillant, des convulsions, avant de tomber et mourir. Un traitement est souvent illusoire, compte tenu de la rapidité d’évolution de l’intoxication. Si la dose ingérée est faible, une médication symptomatique est toutefois possible, estime le GDS de Moselle. Afin d’écarter tout danger, la meilleure solution consiste à tenir les animaux à l’écart des zones humides à risques, à l’aide de clôtures.
(1) http://www2.vetagro-sup.fr/bib/fondoc/th_sout/dl.php?file=2009lyon022.pdf