À quoi bon discuter ? Les institutions européennes et les parlements nationaux des États membres se réunissaient le lundi 28 octobre 2019 en Finlande, au sujet de la réforme de la Pac. Pour pas grand-chose, selon les trois parlementaires français présents, qui évoquent « un dialogue de sourds ».

« De nombreuses critiques »

Dans un communiqué commun publié ce 29 octobre 2019, ils indiquent que les représentants des parlements nationaux des différents États membres ont « exprimé de nombreuses critiques sur les projets de réforme de la politique agricole commune (Pac) et de budget de l’Union européenne de la Commission européenne ».

Or, « malgré les oppositions continuellement exprimées, la Commission n’a pas modifié d’un iota son projet depuis juin 2018 », regrette le député Jean-Baptiste Moreau, au nom de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale.

Pas de convergence des aides sans convergence des normes

Le député de la Creuse était accompagné de Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes du Sénat, préoccupé par le risque de « renationalisation » de la Pac. « Nous devons refuser que la politique agricole devienne de moins en moins commune, ce qui favorisera des distorsions de concurrence très préjudiciables aux agriculteurs français », a-t-il rappelé.

« Comment parler de convergence des aides si on n’a pas, en parallèle, une convergence sociale, fiscale et environnementale ? » renchérit Jean-Baptiste Moreau. Un problème aggravé par la « contradiction croissante entre les exigences de plus en plus fortes imposées aux producteurs européens et celles, moindres, imposées aux produits importés », selon la présidente de la commission des affaires économiques du Sénat, Sophie Primas.

Sanctuariser le budget de la Pac

Les trois parlementaires français ont aussi jugé qu’une baisse du budget agricole serait « une erreur stratégique historique », remettant « en cause la souveraineté alimentaire, la sécurité sanitaire et l’ambition environnementale du continent ». Pour Sophie Primas, « nous avons constaté une unanimité des points de vue des représentants nationaux des citoyens européens sur le budget de la Pac. »

Estimant que « les jeux ne sont pas faits », les parlementaires ont appelé la Commission européenne à modifier sa proposition de budget pour 2021-2027 « pour sanctuariser les moyens alloués à la politique agricole commune ».

B. Lafeuille