Du mieux pour l’air et les rivières
Point positif, le rapport souligne que depuis le début des années 2000, la qualité de l’air extérieur s’améliore. Tout comme celle des eaux de surfaces, en particulier pour les nitrates et orthophosphates (respectivement –12 et –37 % entre 1998 et 2017). On ne peut pas en dire autant des eaux souterraines qui contiennent notamment trop de produits phytosanitaires. La limite est dépassée dans 45 % des points de prélèvement du réseau de surveillance en 2017.
Certes, il faut être plus patient pour voir l’effet des améliorations de pratiques dans les eaux souterraines… Mais le rapport pointe aussi que l’utilisation de produits phyto et d’engrais par l’agriculture conventionnelle n’a pas marqué de rupture… D’autres polluants aquatiques issus de sources non agricoles (usage domestique, industrie, pharmacie…), dégradent l’eau mais « à des proportions moindres », selon le rapport.
Prairies en péril
La France est riche en biodiversité, hébergeant, grâce aux territoires d’outre-mer, 10 % des espèces connues dans le monde ! Une lourde responsabilité, qu’elle a du mal à assumer. Ainsi, seuls 20 % des habitats naturels d’intérêt communautaire seraient bien conservés. Les prairies de fauche et de pâturage s’affichent parmi les habitats les plus menacés avec 56 % en « mauvais état de conservation ».
Rien n’arrête le béton
Plusieurs espèces végétales et animales accusent un grave déclin. Parmi les oiseaux, ceux inféodés aux milieux agricoles sont les plus touchés (–33 % entre 1989 et 2017), suivis par ceux des milieux bâtis (–30 %), alors que les habitants de la forêt s‘en tirent bien (–3 %). La pression sur les milieux naturels s’explique en partie par l’évolution des pratiques agricoles, mais aussi par l’artificialisation des sols.
Cette dernière a encore englouti 65 800 ha/an entre 2006 et 2015. Non contente de faire régresser les milieux naturels et agricoles, elle fragmente les habitats des espèces, perturbant leur cycle de vie. Le changement climatique, exacerbé par l’artificialisation, qui déstocke le carbone du sol, est également une menace pour la biodiversité.
Plus cancre sur le climat que bonne élève
Justement, dans la lutte climatique, la France n’est pas si bonne élève qu’elle aimerait le faire croire. Les émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) ont diminué en moyenne de 0,6 % par an depuis 1990, mais la tendance à la baisse n’est pas claire : il y a eu une hausse (+0,9 % par an) entre 2014 et 2017, avant que 2018 n’amorce un nouveau déclin. La baisse est de toute façon très insuffisante pour respecter nos objectifs.
Dans la perspective d’un réchauffement mondial contenu à +2°C, la loi de transition énergétique fixe un objectif national de –3,7 % par an d’émissions de GES jusqu’en 2050. À noter que le secteur agricole respecte à peu près la trajectoire prévue de baisse de ses émissions, mais il faut reconnaître que les objectifs qui lui étaient assignés étaient plus modestes que les autres secteurs économiques.
Ne pas fermer les yeux sur les importations
Si la France n’émet « que » 6,6 t CO2e par habitant, elle induit bien davantage d’émissions du fait de ses importations. L’empreinte carbone des Français, qui mesure les émissions de GES nécessaires à la production des biens et services qu’ils consomment, même s’ils sont produits ailleurs, est ainsi de 10,8 t CO2e par habitant.
Puisque le réchauffement est planétaire, inutile d’émettre moins de GES sur notre territoire si on les fait émettre par d’autres pays. Toute stratégie nationale « bas carbone » doit donc s’intéresser de près à ce que nous importons. Et il en va de même pour la biodiversité : il serait incohérent de s’appliquer à protéger la biodiversité en France, tout en important massivement des produits qui détruisent la biodiversité ailleurs.