« Si le monde entier vivait comme les Français, l’humanité commencerait à creuser son déficit écologique dès le 5 mai. » Tel est le message alarmiste de Pascal Canfin, directeur général du WWF France. De quoi parle-t-il ? Du calcul de l’ONG Global Footprint Network, un outil de gestion des ressources naturelles renouvelables qui mesure les flux de ressources et services fournis par les écosystèmes, et l’impact de la demande humaine sur ces flux. La gymnastique se décline par pays, et les calculs refaits chaque année avec des statistiques mises à jour soulignent que le jour du dépassement français arrive de plus en plus tôt.
Taper encore sur l’agriculture
Pascal Canfin assure que deux tiers de l’empreinte écologique d’un Français provient de son alimentation, des dépenses d’énergie de son logement et de ses déplacements. Mais, bonne nouvelle, « les solutions pour diminuer fortement notre empreinte sont connues et disponibles », lance-t-il avant de rebondir illico sur la production biologique. Selon le WWF France, un ménage de deux adultes et deux enfants pourrait diminuer de 38 % les émissions de CO2 de son alimentation sans dépenser un euro de plus, et en passant à 50 % de produits certifiés. Déjà, selon l’Agence bio, entre 2015 et 2016, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique a bondi de 22 %.
Prôner une alimentation moins riche en viande
Premier conseil du WWF France au gouvernement : « Soutenir les modes de consommation responsables. » Par exemple ? Réduire sa consommation de viande, « qui présente l’intensité carbone ainsi que l’empreinte sur la biocapacité des pays tiers les plus fortes pour l’ensemble des produits alimentaires ».
Ainsi, le WWF demande-t-il des menus végétariens dans les cantines scolaires, la modification des repères nutritionnels et « l’éducation à l’alimentation », dont on attend encore la définition. Il lance un chiffre : 67 %, la part de consommateurs prêts à réduire leur consommation de protéines animales, selon un sondage Ifop d’octobre 2017. Et se félicite d’une baisse tendancielle de la consommation de viande depuis 20 ans : 86 kg équivalent carcasse/hab/an en 2014 contre 94 kg équiv. carcasse/hab/an en 1998.
« Une alimentation fléxitarienne et végétarienne permettrait de réduire respectivement l’empreinte carbone de son alimentation de 38 et 51 % par rapport à celle de l’alimentation moyenne d’un Français », assure le WWF France.
Du bio, moins de pesticides
L’ONG souhaite également inciter la production biologique, le stockage de carbone dans les sols agricoles, et le maintien des prairies permanentes à travers une Pac plus verte encore. Elle s’empare bien sûr de la question des pesticides, argumentant que « la réduction de 30 % de l’utilisation des pesticides est possible sans effet sur le revenu des agriculteurs, et une réduction de 50 % de leur utilisation est facilement atteignable via un soutien des pouvoirs publics et des acteurs de l’aval. »
WWF n’hésite pas à donner des conseils…