Ils ont signé en préfecture la « convention cannes 2017-2021 », qui régit les prix et les pratiques de la filière de la canne à sucre sur cette période. Selon cette convention, le prix de base de la tonne de canne à sucre passe de 39,09 euros à 41,69 euros, soit une augmentation de 2,60 euros. Une prime d’intéressement sur la vente du sucre de 88 centimes par tonne de canne vendue s’ajoute au prix de base. 40 centimes par tonne sont également versés aux agriculteurs produisant moins de 700 tonnes de canne.

Les ministres de l’Agriculture et des Outre-mer, Stéphane Travert et Annick Girardin, ont salué dans un communiqué commun « une avancée concrète et significative pour les planteurs et pour une filière qui structure en profondeur l’économie réunionnaise ».

Fortement poussés par leurs adhérents, la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER), la FDSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) réclamaient une augmentation de 6 euros. Après avoir proposé 49 centimes puis 1,90 euro, Tereos a longtemps campé sur une proposition de 2,50 euros. Le groupe a augmenté son offre de 10 centimes dans la nuit de lundi à mardi. Cette augmentation a été acceptée mardi matin par un vote majoritaire à bulletins secrets des adhérents de la FDSEA et des JA. Secouée par des dissensions internes, la CGPER, syndicat majoritaire, n’a pas procédé à un scrutin à bulletins secrets.

Dans les rangs des trois syndicats, plusieurs planteurs disaient se sentir « trahis ». « Ils [les dirigeants syndicaux, ndlr] vont signer alors que nous n’avons même pas obtenu la moitié de ce qu’on réclamait », tempêtait mardi un agriculteur de l’est de l’île.

La partie de bras de fer a duré près de deux mois

La déception et l’amertume sont d’autant plus fortes que la partie de bras de fer entre les planteurs et le groupe sucrier a duré près de deux mois, ponctuée d’opérations escargot, de blocages de routes et des sites de production de Tereos par les agriculteurs. Plusieurs dizaines de tracteurs ont stationné 13 jours d’affilée devant la préfecture.

La convention sur la canne garantit aux planteurs l’achat par le groupe sucrier de la totalité de leur production. À la fin de la semaine dernière, les transporteurs routiers et la Confédération générale des travailleurs de La Réunion (CGTR – syndicat majoritaire de salariés) avaient menacé d’entrée en action si le conflit agricole perdurait.

La campagne sucrière devrait commencer dans les prochains jours. Elle aurait dû débuter à la fin de juin.

Au cours des dix dernières années, La Réunion a produit annuellement une moyenne de 1,8 million de tonnes de canne à sucre.

Selon les chiffres du syndicat du sucre, la tonne de canne était payée jusqu’à présent 80,30 euros, comprenant le prix de base à 39,09 euros et les différentes primes et aides versées par le groupe industriel et l’État.

Les sept députés de La Réunion avaient interpellé le gouvernement

Les sept députés de La Réunion, toutes tendances confondues, avaient interpellé le gouvernement la semaine dernière sur ce conflit, inquiets du climat de tension qui risquait « de porter préjudice à l’ensemble de la filière du sucre et aux 18 000 emplois qu’elle représente ».

« Cet accord permet non seulement une sortie de crise mais également une solution juste et équilibrée pour chacune des parties comme pour le territoire », a salué la députée et ancienne ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts.

Pour le député européen Younous Omarjee, « le point d’équilibre d’un bon accord a été trouvé : il réside dans une meilleure répartition de la richesse et une augmentation des revenus des planteurs soutenable pour l’industrie sucrière ».

AFP