À La Chapelle-Montreuil (Vienne), le 4 juillet, la température a déjà atteint 30 °C à 11 h du matin, mais Véronique et Philippe Bouchenoir (lire encadré ci-contre) ne sont pas inquiets pour le confort de leurs prim’holsteins, car dans leur nouvelle stabulation l’ambiance s’est beaucoup améliorée. « Il y a toujours deux à trois degrés de moins qu’en plein soleil, constate l’éleveuse, et en enroulant les filets amovibles installés sur les longs pans, il est possible de créer un courant d’air. »

Ce bâtiment, mis en service fin 2018, enchante déjà les exploitants qui n’en pouvaient plus de travailler dans l’ancien édifice, où l’atmosphère et des logettes mal conçues impactaient la production des vaches jusqu’à trois à quatre litres quotidiens certains jours d’été.

« Aux alentours du 20 juillet, lors de la canicule, la production des vaches a baissé, mais dans une moindre proportion que par le passé », note Philippe. Les températures ont dépassé des seuils jamais atteints et pour atténuer leur impact, les associés ont prévu prochainement l’installation de ventilateurs et de brumisateurs.

Avant d’opter pour un multidôme, les exploitants ont réalisé de nombreuses visites, des Pays-Bas jusqu’au Pays basque. Il comprend une structure métallique et cinq dômes recouverts d’une toile synthétique en PVC. « Ce revêtement blanc, réfléchit la lumière et filtre une grande partie des UV, souligne Romain­ ­Le Mouel, technico-commercial pour la société ID Agro. Avec 650 g/m2 et 4 mm d’épaisseur, cette toile est aussi très résistante. »

Montage rapide

Après le terrassement, l’édifice a été monté en seulement trente-trois jours par le constructeur. « Ainsi, nous n’avons pas traîné dans les travaux trop longtemps », déclare Guillaume, le fils de Philippe et Véronique, qui participe aux réflexions de l’exploitation.

L’installation d’une aire malaxée et compostée pour le couchage des animaux constitue un autre choix révolutionnaire. Elle mesure 12 m de profondeur, à côté du couloir d’exercice de 5,5 m longeant les cornadis. Les vaches s’y étendent, sans contrainte, après l’installation d’une couche de 15 à 20 cm de déchets verts compostés épandue avant l’entrée des animaux. Les 300 m3 reviennent à environ 1 200 €. Le curage ne devrait s’effectuer qu’une fois par an. En outre, les déchets verts compostés, achetés à proximité de la ferme, sont essentiellement composés de branchages.

L’entretien de l’espace de couchage est moins contraignant que le nettoyage quotidien des logettes. Il consiste en un passage de vibroculteur sur l’aire compostée chaque matin, et ne demande pas plus d’un quart d’heure. Un vieux tracteur reste attelé dans un coin de la stabulation pour gagner du temps.

Entretien du couchage

Le bon fonctionnement de l’aire compostée implique cependant quelques règles strictes, comme celles de conduire les vaches sur le couloir d’exercice pour éviter qu’elles ne défèquent sur le couchage. « Pour cela, nous avons installé un repousse-vaches, précise Véronique. Il s’agit d’une tige métallique dont le déplacement sur l’aire de vie est programmé à heures fixes (six fois par 24 h). » Résultat, pour cette première année de fonctionnement, le compost est resté sec. La propreté des bêtes en témoigne. La surface par animal, ici de 13 m2/vache, joue également un rôle important. « L’étroitesse de l’aire de couchage (12 m) est toutefois primordiale, estime Philippe, car lorsque les vaches se lèvent, elles atteignent le couloir raclé rapidement. Au bout d’un an, le bilan est positif et cela se traduit sur l’état des animaux. Les vaches n’ont plus de problèmes de tarsites, le nombre de cellules est toujours inférieur à 250 000/ml, les mammites sont rares et souvent en lien avec la météo. D’une manière générale, les bêtes sont plus calmes », assure-t-il.

Côté budget, le bâtiment a coûté 4 500 €/vache en comptant la salle de traite (2 x 20 postes simple équipement), sans fosse pour le lisier (réutilisation de l’ancienne). « Nous ne voulions pas que la dépense dépasse 40 €/1 000 l », insiste Guillaume. Marie-France Malterre