Le premier message des fabricants d’aliments pour animaux réunis en AG à Rennes, c’est leur place de premier partenaire des éleveurs. Partenaire technique, le fabricant d’aliments pour animaux veut aussi désormais être reconnu pour son rôle de partenaire économique des élevages : « Durant la crise porcine, nous avons consenti plus de 100 M€ de délais de paiement supplémentaires aux éleveurs de porcs, une véritable aide que ceux-ci ne trouvaient pas ou n’allaient pas chercher chez leurs banquiers. Actuellement, nous vivons les effets positifs de leur reprise avec une baisse des encours, mais c’est désormais en vaches laitières que les délais de paiement s’envolent », a rappelé Hervé Vasseur, président de Nutrinoë, l’association des entreprises de la nutrition animale bretonne. Il résume : « Nous sommes des veilleurs, notre santé reflète celle des productions animales. »
Baisse des volumes d’aliments
En 2016, la production en volume s’est fortement contractée dans l’Ouest (Bretagne-Pays de la Loire, Normandie) avec –3 % contre –3,5 % au niveau national. La baisse généralisée des tonnages se confirme en porc (–3,2 %) malgré la reprise économique grâce au débouché chinois. C’est la Faf (fabrication à la ferme) qui progresse. Sur les quinze dernières années, les fabricants bretons ont perdu 1,5 Mt d’aliments pour porcs, mais 63 % de cette baisse est imputable à la fabrication à la ferme, un tiers étant lié aux performances conjointes de la génétique et de la nutrition animale (baisse de l’indice de consommation de 3,1 à 2,8 en moyenne, voire à 2,6 pour les meilleurs). Seules 53 000 t sont liées à la réduction de la production porcine.
« Il ne faut pas opposer la Faf et l’aliment complet. Il n’existe d’ailleurs pas de différence majeure de rentabilité entre les deux types d’alimentation sur le long terme, notamment par l’effet de lissage des prix grâce aux achats et à la formulation des fabricants d’aliments », explique Patrick Piton, de Triskalia. « En Bretagne, nous sommes très compétitifs en aliment avec 226 €/t en ce moment en moyenne contre 241 €/t en Catalogne et 236 €/t en Allemagne. Ce sont tous les maillons qui doivent investir », poursuit-il.
Au début de 2017, le sourire vient de la reprise des productions d’aliments bovins (+5 %) et la meilleure santé en poulet malgré la chute de l’exportation. Mais la dinde et le porc font toujours grise mine.
Participer aux États-généraux de l’alimentation
Les fabricants d’aliments pour animaux ont tenu à rappeler qu’ils sont membres à part entière des filières, que ce soit pour leur impact sur les performances techniques matérialisées par la baisse de l’indice de consommation ou la réponse aux cahiers des charges (non OGM, bien-être animal, bio, sans antibiotique médicamenteux…), pour le lancement de nouvelles filières ou pour leur soutien aux trésoreries comme aux investissements. Philippe de Guénin, directeur de la Draf de Bretagne, en est bien conscient : il a terminé son intervention en s’engageant à convier la nutrition animale lorsque les consultations pour les États-généraux de l’alimentation seront ouvertes en Bretagne, probablement à la fin d’août ou au début de septembre. « Je ne serai pas étonné qu’il en soit de même dans toutes les régions de France », a-t-il confié à la fin de l’AG.