L’optimisme affiché par Sébastien Lecornu lors de la présentation des 15 propositions sur la méthanisation le 26 mars n’était-il que de circonstance ? Se voulant médiatiquement rassembleur, le secrétaire d’État à l’Écologie n’a pas masqué bien longtemps les dissensions qui existaient dans le groupe. Après les réactions mesurées de la FNSEA et moins modérées de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), c’est au tour de la Confédération paysanne de dénoncer « une fuite en avant vers le modèle agro-industriel » et à France Nature Environnement (FNE) d’appeler à « ne pas confondre vitesse et précipitations ».
Méthanisation paysanne
Logiquement, la Confédération paysanne défend une « méthanisation paysanne adaptée à la ferme ». Elle dénonce « des dispositions visant un passage en force d’unités, pour parties industrielles ». Ce faisant, le syndicat agricole vise surtout la proposition du passage de 60 à 100 t/j pour le seuil applicable à la déclaration des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), ainsi que la suppression de l’étude d’impact et de l’enquête publique.
Sur ce point, l’argumentaire de FNE se veut plus précis : « Raboter la concertation et la consultation du public sur les projets d’énergie renouvelables ne fera pas gagner du temps. Bien au contraire, ces temps d’échange permettent d’aboutir à des projets plus mûrs, mieux adaptés. »
Position alignée sur les boues
Comme le syndicat majoritaire et l’AAMF, mais en forçant le trait, la Confédération paysanne dénonce « la généralisation de l’utilisation des boues de stations d’épuration ». Un groupe de travail doit en effet se réunir pour discuter de cette proposition. Toutefois, le syndicat prévient que « l’épandage des digestats à partir de ces substrats est trop risqué et ce sont les paysans qui en porteront les conséquences ».
Surendettement
Sur le plan financier, les 100 millions d’euros promis par Emmanuel Macron sous forme d’un fonds bloqué à la BPI favoriseront, selon la Confédération paysanne, un surendettement des porteurs de projets de méthanisation. De façon plus générale, le syndicat craint une sous-évaluation des coûts et l’utilisation plus importante à venir des cultures avec une vocation énergétique. Il dénonce aussi les modèles de méthanisation qui « figent » les systèmes agricoles, avec des besoins en apports et en terres d’épandage particuliers.