«Cet été, avec mon père et ma sœur, nous avons participé à la Fête des moissons, un évènement organisé par la FDSEA et JA, en collaboration avec l’association Agri demain. À l’heure de l’agribashing, nous voulions communiquer sur la réalité de notre métier. Ce fut une belle expérience. Avec nos voisins (les associés du Gaec Bazot et ceux du Gaec du Passou), nous avions concocté une petite randonnée de 6,5 kilomètres, reliant nos exploitations d’élevage. À chaque halte, nous avions préparé de quoi boire et goûter.

Un besoin de comprendre

Chez nous, quatre-vingts personnes ont visité le nouveau poulailler, construit dans le cadre de l’installation de ma sœur (1 800 m2 de poulets de chair). Les gens, des propriétaires de résidences secondaires, des habitants de la commune que nous croisons sans prendre le temps de discuter, avaient vu les bâtiments se monter. Nous voulions montrer ce qu’il y a à l’intérieur.

La première interrogation a concerné les antibiotiques. Nous nous y attendions. Nous avons expliqué que leur utilisation n’est pas systématique, mais qu’elle se fait après analyses. La deuxième, et là non plus ce n’était pas une surprise, a porté sur le bio : « Pourquoi n’en faites-vous pas ? » La question n’était ni accusatrice, ni agressive. Elle venait de personnes qui cherchent à comprendre, mais qui ont tout de même des a priori. On nous a également demandé pourquoi les poulets n’étaient pas élevés en plein air. Malgré la taille du groupe et la chaleur caniculaire, les personnes étaient toutes très attentives.

Psychologiquement, je m’étais préparé, avec mes collègues, à répondre au grand public. Nous étions disponibles. Nous avons parlé de nos pratiques, pas de celles des autres. Nous avons eu le sentiment que les gens nous ont compris. Ils ont boudé les supports de communication mis à leur disposition. Ils étaient venus pour discuter avec nous.

Les échanges se sont poursuivis tard le soir. D’abord lors de l’apéritif, puis au cours du repas préparé avec des produits fermiers. Cent cinquante personnes y ont participé en toute convivialité. Constater que dans le contexte actuel beaucoup s’intéressent positivement à l’agriculture et à l’élevage fait plaisir et donne confiance. »

Propos recueillis par Anne Bréhier