« C’est le scénario du pire qui s’est produit pour les deux premières campagnes sans quota dans l’Union européenne », rappelle le rapport Cyclope dans sa partie portant sur le sucre. Récolte record en Inde, baisse tendancielle de la consommation des ménages et mauvaises conditions climatiques : les planteurs européens semblent en effet être sous le coup d’une malédiction.
L’excédent global s’est réduit, mais, comme le soulève le rapport Cyclope, « les stocks restent à un niveau record ». Verra-t-on ce surplus fondre en 2019-2020, pour faire repartir les cours à la hausse ?
Sucre ou éthanol ?
Avec 93 sucreries qui n’ont pas fait campagne en 2018-2019, et près de vingt-cinq usines risquant la faillite, la situation brésilienne n’est pas à envier. C’est pourtant bien ce pays qui détient toujours les clés de l’embellie sur les marchés, par le choix que ces opérateurs feront entre le sucre et l’éthanol.
« Cette flexibilité atteint environ 11 Mt [de sucre] », comme l’explique le rapport Cyclope en citant les analystes du secteur. Un volume dont la présence ou non sur le marché a des effets considérables. Comment les brésiliens se décideront-ils ?
Pour les rédacteurs du rapport Cyclope, le cours morose du pétrole ne serait pas favorable à celui du sucre. « Le déclin des prix de l’énergie a une influence négative sur le marché, car il rend l’éthanol brésilien moins compétitif, ce qui peut inciter les usines brésiliennes à consacrer davantage de canne à la production de sucre », soulignent les analystes.
Rester dans la course
Tout indique que le Brésil n’a aucune intention de diminuer sa production de sucre, bien au contraire. La surface de canne a diminué pour faire place au soja, mais des hausses de rendement pourraient venir compenser le phénomène.
Avec l’adoption de deux variétés génétiquement modifiées en deux ans, le pays montre en effet ses ambitions. « Les tests menés avec cette nouvelle canne génétiquement modifiée permettraient d’augmenter les marges agricoles par hectare grâce à la réduction des coûts opérationnels et à l’amélioration de la productivité », croient savoir les rédacteurs de Cyclope.
Nos planteurs français devraient-ils définitivement baisser les bras ? Elisabeth Lacoste, en charge de la coordination de ce chapitre, a rappelé, lors de la présentation, un contexte essentiel : « L’Europe n’a jamais été un price-maker sur le marché mondial du sucre. »