La polémique sur l’élevage intensif reprend du poil de la bête aux Pays-Bas. Face à de nouveaux chiffres concernant la hausse du nombre de mégastabulations, les associations de défense des animaux montent au créneau. Autant de griefs que les organisations professionnelles battent en brèche.

Ce sont les chiffres publiés par l’université agronomique de Wageningen (WUR) qui viennent d’apporter de l’eau au moulin des défenseurs des animaux. En sept ans, le nombre de ces grandes structures (à partir de 120 000 poules dans les exploitations de volailles, 250 vaches pour l’élevage bovin, 7 500 bêtes pour l’élevage porcin) a augmenté de 76 % dans le royaume, passant de 456 en 2010 à 801 en 2017. Cette situation provient avant tout d’une concentration des élevages bovins à la suite de la suppression des quotas laitiers européens. Alors que l’on comptait 197 mégastabulations de bovins en 2010, ce chiffre est passé à 439 il y a deux ans.

Le bien-être animal en cause

« Ces chiffres sont préoccupants, car ces stabulations augmentent les risques de perte d’animaux en cas de maladie ou d’incendie », s’inquiète Anne Hilhorst, de l’organisation de défense animale Wakker Dier. Ces installations gigantesques sont propices à une spirale infernale où seule une baisse des coûts compte, au détriment du bien-être des animaux. Les mégastabulations n’offrent que peu de place pour nourrir les animaux avec du fourrage et leur permettre d’avoir un comportement naturel. » La représentante de Wakker Dier plaide pour une interdiction pure et simple de ces structures. L’ONG relève par ailleurs une concentration de ces exploitations hors-norme dans la province du Brabant-Nord, même si l’ensemble du royaume est concerné par le phénomène.

C’est un mauvais procès, juge la fédération professionnelle des agriculteurs LTO, pour qui tous ces arguments restent sans fondement. « La taille d’une stabulation n’a aucune incidence négative sur le bien-être des animaux ou sur l’environnement », s’insurge Jeannette van de Ven, chargée du dossier « santé des animaux » auprès de la LTO.

Des professionnels

« Ces mégastabulations sont des exploitations hypermodernes, utilisant les techniques les plus récentes et répondant aux plus strictes exigences en matière de bien-être du bétail et de respect de l’environnement, estime la représentante des éleveurs. Elles ne sont que rarement le théâtre d’un incendie. Le plus grand soin est apporté aux animaux, en dépit de la taille du cheptel ou de la grandeur de l’exploitation.Elles sont dirigées par des professionnels faisant appel à du personnel qualifié. »

Pour la LTO, les économies d’échelle obtenues par les exploitants de ces structures leur permettent de réaliser des retours sur investissement nécessaires, tout en respectant les exigences des consommateurs et des autorités.

Pour alimenter le débat, il faut ajouter que le cheptel néerlandais est resté stable entre 2010 et 2017. Seulement 18 % des animaux, tous secteurs confondus, sont élevés dans des mégastabulations.

Didier Burg