Gaëlle Croguennec, 35 ans, s’est installée en septembre 2019 sur 4 ha de foncier à Saint-André-des-Eaux, dans les Côtes-d’Armor. Elle élève des poules pondeuses et dispose de 1 000 m² de fraises et d’1 ha de kiwis, le tout conduit en agriculture biologique. Les produits sont commercialisés en magasin Biocoop, dans des épiceries, en Amap et en vente directe.

Changement de vie

« Après sept ans comme ingénieure multimédia, en 2014, nous avons fait le choix de changer de vie avec mon conjoint », raconte la jeune femme. En parallèle de son travail, elle chemine avec la fédération départementale des Civam, passe un BPREA à distance. Licenciée économique, elle travaille comme saisonnière en arboriculture et fait des remplacements en élevages de pondeuses. Son projet s’affine : ça sera des poules et de l’arboriculture.

Non issue du milieu agricole (Nima) avec un projet atypique, Gaëlle a voulu mettre toutes les chances de son côté en se faisant accompagner par la CIAP 35, tout en réalisant en parallèle son parcours 3 P (plan de professionnalisation personnalisé). Créée en 2017 en Ille-et-Vilaine, la CIAP aide de futurs installés à mettre en œuvre leur projet sur un territoire (lire l’encadré ci-contre). Elle a suivi une formation « paysan créatif ».

Référent territorial

« Cette formation permet aux personnes souhaitant créer leur activité agricole de finaliser leurs projets d’installation, d’acquérir des compétences dans la gestion de projet et l’entrepreneuriat en agriculture et de s’ancrer sur le territoire de leur future installation », explique Sandra Bernardini, de la CIAP 35 (1). Elle nécessite deux prérequis : avoir choisi sa production et son territoire.

L’agricultrice s’organise sur un an avec des stages (35 h/semaine) chez des paysans référents pour accroître sa connaissance du métier et onze jours de formation en collectif pour approfondir ses compétences entrepreneuriales (étude de marché, commercialisation…). Chaque stagiaire bénéficie d’un suivi individualisé avec un paysan référent technique et un référent territorial. Le jeune constitue aussi un groupe d’appui local (Galo) composé d’agriculteurs, d’élus et de citoyens pour favoriser son ancrage territorial et créer son réseau d’entraide. « Cela offre la possibilité de s’appuyer sur l’expertise de paysans déjà installés, de continuer d’acquérir des compétences techniques mais aussi de découvrir les réseaux, ce qui nous manque cruellement quand on n’est pas du milieu ni du coin, reconnaît la jeune femme. J’ai pu me tester sur une saison. Cela évite de faire des erreurs. »

Autre intérêt, la formation permet de bénéficier du statut de stagiaire de la formation professionnelle. La CIAP 35 en est à sa quatrième promotion de 10 à 12 porteurs de projets par an. En moyenne, 70 à 80 % d’entre eux s’installent. I. Lejas

(1) contact.etap35@gmail.com