Les rapports de l’Observatoire des prix et des marges se suivent et se ressemblent. Dans un contexte d’instabilité des marchés et malgré des différences entre filières, « il n’y a pas beaucoup de producteurs qui couvrent aujourd’hui la réalité de leurs coûts de production », a indiqué Philippe Chalmin, président de l’Observatoire, le 11 avril 2017.
Incohérence en lait
En bovins à viande par exemple, le coût de production des naisseurs est estimé à 427 € pour 100 kg vif (capital et coût du travail inclus), alors que le prix de vente des bovins est tombé à 386 € en 2016, aides comprises. Même constat en lait. Une réalité invisible pour le consommateur, tant les prix en rayon apparaissent toujours plus déconnectés de ceux à la production. En blé tendre, les marges nettes de 2016, rémunération incluse, sont négatives, les coûts de production à la tonne progressant fortement (269 € en 2016 contre 186 € en 2015) du fait de la baisse du rendement.
Ce rapport de 2017 laisse par ailleurs apparaître une incohérence entre les chiffres transmis par les distributeurs et les autres données statistiques recueillies par l’Observatoire. Celui-ci relève en effet qu’en lait demi-écrémé UHT, les marges brutes des industriels et des distributeurs ont augmenté de 5 centimes depuis 2014, pour atteindre 16 centimes le litre dans les GMS, pendant que les prix à la production perdaient 7 centimes. Pourtant, les enseignes témoignent, pour la deuxième année consécutive, d’une dégradation de leurs marges nettes dans les rayons, qui stagne à 0,2 %. Des explications sont attendues.
Voilà une incohérence qui méritera explication.
Nomination en attente
La présentation de ce sixième rapport intervient alors même que doit être nommé le futur président de l’Observatoire, pour les trois ans à venir. Philippe Chalmin sera-t-il reconduit, comme il l’espère ? « Un arrêté se balade actuellement entre Bercy et le ministère de l’Agriculture. J’ai cru comprendre qu’il me concernait », a confié l’intéressé.
Il s’est toutefois montré quelque peu inquiet d’être oublié avant la présidentielle. Il faut dire qu’il se retrouve, pour la première fois depuis la création de l’Observatoire, en compétition avec un autre universitaire, Olivier Mevel, souvent en désaccord avec sa méthodologie et qui bénéficie du soutien de nombreux acteurs de la production. Pas vraiment prévue par le gouvernement, cette mise en compétition pourrait expliquer les atermoiements administratifs, le choix du futur président s’avérant bien plus politique que prévu.