À l’heure de la traite, on assiste à un drôle de manège à la chèvrerie du Gaec des Grands Valas, à Revest-des-Brousses, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Matin et soir, les trente laitières de Brunelle Aumasson et Ptiju Vallée viennent se bloquer volontairement dans des auges-cornadis suspendues et mobiles, ou la nourriture est placée. L’associé qui trait, tire alors sur l’ensemble, qui est fixé sur trois rails en hauteur. L’élveur fait ainsi avancer les chèvres. L’espace d’un peu plus de deux mètres obtenu laisse apparaître des trappes, situées sous l’auge quelques instants plus tôt. C’est juste ici que se trouve la fosse où se place le trayeur.

Quand ce n’est pas l’heure de la traite, les cornadis sont placés comme sur l’image ci-dessus. Les trappes que l’on distingue au sol s’ouvrent pour laisser apparaître la fosse lorsque les cornadis sont avancés, comme sur l’image ci-dessous. Un triangle en fer sert de butée. © G. Baron
Quand ce n’est pas l’heure de la traite, les cornadis sont placés comme sur l’image ci-dessus. Les trappes que l’on distingue au sol s’ouvrent pour laisser apparaître la fosse lorsque les cornadis sont avancés, comme sur l’image ci-dessous. Un triangle en fer sert de butée. © G. Baron

 

Les trappes que l’on distingue au sol s’ouvrent pour laisser apparaître la fosse lorsque les cornadis sont avancés. © G. Baron
Les trappes que l’on distingue au sol s’ouvrent pour laisser apparaître la fosse lorsque les cornadis sont avancés. © G. Baron

 

Autoconstruction

Le bâtiment a été autoconstruit il y a plus de trente ans par Jean-Michel Ollivier, l’ancien exploitant de cette ferme. Il l’a pensé dans un souci de gain d’espace et d’ergonomie maximum. La chèvrerie allie simplicité, rusticité et astuce. Les manchons de traite et la tuyauterie associée sont situés en dessous des cornadis. « Ça a des avantages et des inconvénients, précise Ptiju. On a un gros gain d’espace et il n’y a pas de déplacement à faire du troupeau vers une autre salle. La stabulation permet directement de traire, soigner ou inséminer les bêtes, en étant situé à bonne hauteur. En revanche, nous sommes obligés de nettoyer et changer régulièrement les coupelles des manchons, par souci d’hygiène. »

 

Le matériel de traite se trouve sous les trappes, qui sont levées lors de chaque astreinte, deux fois par jour. Des tiges en fer, recouvertes de plastique, sont installées pour tenir les tuyaux et éviter que les griffes ne tombent. © G. Baron
Le matériel de traite se trouve sous les trappes, qui sont levées lors de chaque astreinte, deux fois par jour. Des tiges en fer, recouvertes de plastique, sont installées pour tenir les tuyaux et éviter que les griffes ne tombent. © G. Baron

Le matériel de traite est protégé par des trappes, constituées de volets renforcés par des barres de fer, mais la poussière peut s’accumuler à ce niveau. Pour éviter que le poids des griffes de traite les décroche ou ne tire sur les mamelles, elles sont soutenues par des grandes tiges reliées à un tubulaire au plafond, au-dessus de la fosse de traite. Ces attaches en fer sont recouvertes d’une gaine en plastique pour éviter de blesser les chèvres ou le trayeur lors de la manipulation.

À la fin de la traite, les trappes sont refermées, les chèvres sont désentravées et le trayeur peut repousser les cornadis suspendus sur des rails au plafond. © G. Baron
À la fin de la traite, les trappes sont refermées, les chèvres sont désentravées et le trayeur peut repousser les cornadis suspendus sur des rails au plafond. © G. Baron

 

Transformation en deux minutes

Le déplacement de l’ensemble auges-cornadis, s’effectue en quelques secondes mais nécessite un peu d’huile de coude. « C’est suspendu, mais la mécanique est vieillissante, ça ne roule pas tout seul, explique Ptiju. Il faut tout de même tirer assez fort. » Par contre, les trappes ne sont pas lourdes à soulever. En moins de deux minutes, la chèvrerie est transformée, passant de stabulation à salle de traite par l’arrière.

Un gros avantage de ce système est la facilité à placer les chèvres sur le quai de traite. « Il n’y a pas à les faire monter, souligne Ptiju, c’est le trayeur qui descend. La manipulation des animaux est vraiment simplifiée. » Gildas Baron