« La situation ne va pas pouvoir durer, avertit Pierre Prim, le président du Sedima. Nous constatons une hausse des prix moyens de 2,7 % sur le second semestre de 2018 et janvier 2019 sur l’ensemble des matériels. Pour les tracteurs, l’augmentation est même de 4,5 %, voire plus chez certaines marques. »
Pour les concessionnaires de matériels agricoles, cette situation est devenue très préoccupante. « La limite acceptable pour le client est clairement dépassée, affirme Pierre Prim, d’autant plus qu’il y a un décalage très net entre l’inflation générale et nos prix. »
Pas d’explication évidente
Les concessionnaires sont inquiets car ils n’arrivent plus à justifier cette augmentation auprès des agriculteurs et entrepreneurs. « Jusqu’à présent, on pouvait avancer des arguments tels que la mise en place des nouvelles normes antipollution ou même de la réglementation européenne Mother Regulation. Mais sur le deuxième semestre de 2018, ces arguments ne tiennent plus car il n’y a pas eu de tels changements, déplore Pierre Prim. L’excuse de l’augmentation des coûts chez les sous-traitants ne tient pas vraiment puisque c’est une hausse comprise dans l’inflation. Quand au pétrole et aux plastiques, leurs prix n’ont pas bougé. Et pour les composants électroniques, les tarifs sont plutôt à la baisse. »
Les agriculteurs se reportent sur l’occasion
« On peut comprendre que les technologies novatrices aient un prix, mais maintenant, le client n’accepte plus de supporter ces hausses », insiste-t-il. Le neuf étant devenu trop cher, les agriculteurs se reportent volontiers sur l’occasion, ce qui explique la bonne tenue de ce marché et la fonte des stocks dans les parcs des concessions.
En revanche, les tarifs demandés à la reprise des machines sont aussi trop élevés, voire plus importants que ceux des machines neuves de 2008. « Est ce que les voitures ont pris 30 % en dix ans ou est-ce que le machinisme agricole est une exception ? Est-ce que les prix ont flambé dans tous les pays ou seulement sur les marchés occidentaux, qui sont matures et n’offrent pas les perspectives de croissance des marchés émergents ? Il va falloir se poser ces questions », lance Pierre Prim.
« Si les machines actuelles proposaient un gain de rendement et de productivité de 30 %, on pourrait comprendre cette hausse, reprend-il. Là, il va falloir discuter sérieusement avec les concepteurs des matériels pour comprendre ce qui se passe et trouver des solutions car cette folie inflationniste doit être stoppée. »