« Le Brésil tentera de renforcer le Mercosur, de dire ce qu’il veut dire » et pourrait « dans un cas extrême, se retirer, a déclaré Tereza Cristina au quotidien O Globo. Cela ne peut pas continuer ainsi, c’est désavantageux pour nous », a dit la députée, qui dirige le puissant lobby de l’agrobusiness à la Chambre.
L’agrobusiness à la manœuvre
Elle a donné l’exemple des produits de l’agriculture comme le lait ou le riz qui, selon elle, inondent le Brésil au détriment de ses petits producteurs. Le Brésil est la première économie du bloc régional de libre-échange qui réunit aussi l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay et dont le Venezuela a été exclu en 2017 pour « violations des droits démocratiques ».
« Le moment est venu de nous asseoir autour d’une table et de réviser le Mercosur […] pour obtenir un accord plus moderne et meilleur », a insisté Tereza Cristina. Pour la future ministre, la Chine est prioritaire, notamment pour les exportations de viande brésilienne, de même que d’autres grands marchés tel l’Inde ou l’Indonésie.
L’accord avec l’Europe s’éloigne ?
Lors de sa campagne électorale, Jair Bolsonaro avait heurté Pékin en déclarant que la Chine était en train d’« acheter le Brésil ». Les commentaires de la future ministre interviennent alors que l’Union européenne espérait donner l’impulsion finale à un accord commercial avec le Mercosur, sur le chantier depuis près de 20 ans.
La ministre autrichienne de l’Économie, Margarete Schramböck, dont le pays préside actuellement l’Union européenne, a exprimé son inquiétude après l’élection du candidat d’extrême droite à la présidence. « Nous ne savons rien sur le nouveau gouvernement au Brésil, qui prendra ses fonctions le 1er janvier », a-t-elle dit.
Une préférence pour les accords bilatéraux
« Ce qui a été dit pendant les élections nous indique que le Brésil veut renégocier et rouvrir ce qui a déjà été réalisé », a ajouté Margarete Schramböck, à propos de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Comme les États-Unis, le président élu du Brésil a laissé entendre qu’il accorderait la préférence aux accords commerciaux bilatéraux.
Cet accord serait le plus important jamais signé par les Européens. Les discussions, qui semblaient proches d’aboutir ces derniers mois, se sont heurtées à des divergences entre le Brésil et l’Union européenne, notamment sur l’accès de la viande et du sucre aux pays de l’UE et sur le secteur automobile.
Les signaux envoyés par le président populiste et ultralibéral Jair Bolsonaro et sa future équipe sont potentiellement inquiétants. Il n’effectuera pas sa première visite à l’étranger en Argentine, autre pilier du Mercosur, comme le veut la tradition, signifiant ainsi son manque d’intérêt pour l’espace de libre-échange.