À quelques jours du vote final du projet de loi sur l’agriculture et l’alimentation, les syndicats agricoles ont été reçus à Matignon, le 28 septembre 2018, pour évoquer le contenu du texte et son application future. L’occasion pour eux de réclamer, une dernière fois et toujours en vain, des indicateurs de prix publics au cas où les interprofessions ne parviendraient pas à les élaborer elles-mêmes.

Syndicats unanimes

« Il y a une impatience de la part des agriculteurs faisant suite à tous les travaux sur les États-généraux de l’alimentation et on a besoin de résultats, a indiqué Nicolas Girod, secrétaire national de la Confédération paysanne, à l’issue de la réunion. La loi sera vraisemblablement votée en l’état mardi 2 octobre, mais ce qui est mis en place n’est pas suffisant pour répondre aux besoins », a-t-il ajouté, arguant de l’unanimité des syndicats sur la question.

Pour la Coordination rurale notamment, « il est urgent de réguler les productions et de garantir une juste rémunération des agriculteurs par l’instauration de prix couvrant a minima les coûts de production. Ce sont là des mesures indispensables pour protéger les producteurs. »

La veille, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) dénonçaient aussi, dans un communiqué commun, « les insuffisances de cette loi » : « En l’absence d’indicateurs sûrs, la pression s’exerce sur les acteurs économiques les plus faibles. L’État prétend pouvoir assurer que ceux-ci soient élaborés sans sanctions dans la loi, ce que nous doutons. »

Ordonnances à venir

Concernant les précisions promises sur le relèvement du seuil de revente à perte (SRP), l’encadrement des promotions et les sanctions pour prix abusivement bas, « nous avons demandé fermement que les ordonnances annoncées puissent paraître sans délai », a déclaré à l’AFP la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, en sortant de Matignon.

Pour Bernard Lannes, le président de la Coordination rurale, « le Premier ministre ne s’est pas montré rassurant, indiquant que rien n’était encore fixé ». Il y a pourtant urgence à agir, martèle le syndicat : la grande distribution aurait en effet déjà édité ses catalogues pour les promotions de Noël et, à leur vue, « rien n’a changé, c’est reparti comme avant », dénonce Bernard Lannes.

Également reçue à Matignon, les industriels de l’Ania ont réclamé une sortie rapide des textes. Au contraire de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui souhaiterait un report, pour des raisons logistiques. La publication des ordonnances en question serait toutefois imminente, selon Matignon. Seul le texte sur les sanctions pour prix abusivement bas serait encore « en finalisation d’expertise juridique ».

Pour le reste, les députés devraient adopter définitivement le texte de loi, selon la version déjà votée en deuxième lecture, le 14 septembre dernier. Rendez-vous le mardi 2 octobre pour s’en assurer, et tout au long des négociations commerciales à venir pour en compter les fruits.

Alain Cardinaux