Le constat est sans appel : 75 % des concessionnaires ont des difficultés à recruter. Malgré le contexte actuel très difficile sur le marché des matériels agricoles, la profession est toujours aussi friande de nouveaux talents, avec plus de 2 200 recrutements en 2017. Mais offrir un CDI et des perspectives d’évolution ne suffit pas à attirer les jeunes, comme en atteste la dernière enquête réalisée par le Sedima (Syndicat des distributeurs de matériels agricoles).

Pas assez de candidats

Alors que les trois quarts des adhérents reconnaissent avoir rencontré des difficultés pour recruter en 2017, ce sont les trois mêmes causes qui sont pointées du doigt : le nombre de candidats insuffisant (35 %), la faible attractivité du secteur (32 %) et le niveau de compétence des candidats trop faible (16 %). Le salaire et la localisation géographique ne sont visiblement pas des freins au recrutement.

« Il faut changer notre fusil d’épaule, affirme Pierre Prim, président du Sedima. Jusqu’à présent, sur les deux ou trois enfants d’un agriculteur, un seul reprenait la ferme et les autres partaient travailler en concession ou dans les coopératives. Mais cette époque est révolue. Désormais, nous n’avons plus ce réservoir de main-d’œuvre estampillé “fils d’agriculteur”, il faut donc aller chercher des talents ailleurs. »

Faire connaître les métiers du machinisme

Cela signifie communiquer sur un métier totalement inconnu du grand public. « Nous devons produire du rêve pour les élèves de troisième et leurs parents, insiste Anne Fradier, secrétaire générale du Sedima. À cet effet, nous menons une campagne de promotion dans la presse à destination du grand public pour toucher les parents de nos futurs salariés. » Deux revues à fort tirage, Femme Actuelle et Auto-Moto, ont été ciblées avec un visuel adapté au lectorat.

Les autres revues sont des publications destinées aux parents d’élèves du public et du privé. Une seconde campagne ciblant les demandeurs d’emploi est en cours sur Le Bon Coin. Parallèlement, le Sedima accompagne les élèves qui se sont engagés dans la voie de la maintenance des matériels agricoles en les épaulant lors des Olympiades des métiers et en soutenant leur recherche de stage à l’étranger.

Il y a urgence à recruter

L’enjeu est de taille pour une profession à la main-d’œuvre vieillissante. « Plus la sophistication des machines augmente, plus on a besoin de techniciens capables de réaliser l’entretien, la mise à jour et la réparation, insiste Anne Fradier. On peut comparer notre virage stratégique à celui de l’armée moderne : pour un soldat, il faut 10 personnes affectées à la logistique et au support. Ce sera pareil dans le machinisme agricole avec un chauffeur et plusieurs techniciens pour l’assister. »

Pierre Prim en est persuadé, le métier a de quoi séduire, pour peu qu’il réussisse à sortir de l’ombre des industries de pointe telles que l’aéronautique. « Si un jeune veut travailler sur un protocole précis, sans contact avec le client, il sera heureux dans l’aéronautique. Mais si son objectif est d’apporter une solution au client en direct, en toute autonomie, c’est chez nous qu’il s’épanouira. »

Corinne Le Gall