Européens et Britanniques font face à une grande page blanche, sur laquelle ils vont devoir commencer à esquisser les contours de leur future relation, maintenant qu’ils se sont entendus sur les grandes lignes. L’accord sur les modalités du divorce doit être validé lors d’un sommet européen le 15 décembre à Bruxelles par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, ce qui ouvrira la voie à une seconde phase de négociations

Les discussions commerciales à partir de mars 2019

La discussion sur une éventuelle période de transition, telle que demandée par la Première ministre britannique Theresa May, devrait ensuite débuter dès le début de l’année prochaine, affirme Michel Barnier, le négociateur en chef de la Commission européenne. Celle sur le cadre de la future relation commencera « un peu plus tard », ajoute-t-il.

Les discussions commerciales à proprement parler ne pourront débuter officiellement que le 29 mars 2019, date prévue du départ britannique, quand le Royaume-Uni sera devenu un pays tiers. Cette transition sera « courte et encadrée », précise Michel Barnier. Theresa May a proposé une durée de deux ans. « Nous serons prêts à discuter de cela, mais évidemment, nous avons nos conditions », ajoute Donald Tusk, le président du Conseil européen.

Un accord de type Ceta

Étant donné « les lignes rouges » fixées par le Royaume-Uni, qui ne veut pas rester dans le marché unique et l’Union douanière, Michel Barnier affirme qu’il travaillera à un accord de libre-échange semblable à celui conclu récemment avec le Canada, le Ceta. La conclusion d’un tel accord changerait radicalement les relations entre Londres et le continent, le Ceta étant loin d’être aussi poussé que l’appartenance à l’UE ou même qu’un accord d’association d’un pays comme la Norvège, cité en exemple par Michel Barnier.

La Norvège appartient à l’Espace économique européen (EEE), ce qui l’amène à participer au marché commun, mais aussi à certains programmes de l’UE ou à l’espace Schengen. « Nous avons besoin de plus de clarté sur la manière dont le Royaume-Uni voit nos futures relations, prévient Donald Tusk. De notre côté, nous sommes prêts à commencer à préparer un partenariat étroit dans le commerce, mais aussi dans la lutte contre le terrorisme et le crime international, ainsi que dans la sécurité, la défense et la politique étrangère. »

En cas d’échec total des négociations, ce qui semble improbable, les relations commerciales entre l’UE et Londres seraient régies par les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Faire payer le prix fort ?

« Les prochaines étapes vont être évidemment très difficiles, a d’ores et déjà averti Michel Barnier.

Tout le monde n’a pas encore bien compris qu’il y a des points qui ne seront pas négociables : l’intégrité du marché unique ne sera pas négociable, les quatre libertés (à savoir la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes) ne seront pas négociables, l’autonomie dans nos prises de décision ne sera pas négociable. »

Selon une source européenne, l’UE est divisée entre ceux qui veulent « faire payer le prix fort » aux Britanniques et ceux qui pensent que le Brexit est un processus suffisamment dur en soi. L’Allemagne appartient plutôt à la première catégorie, tout comme la France, qui se singularise néanmoins par sa volonté de préserver des liens forts avec Londres en matière de sécurité et de défense.

R.A. avec l’AFP