A deux jours de la reprise des débats sur la loi sur l’agriculture et l’alimentation et comme l’avait laissé entendre l’Élysée au début de l’été, le gouvernement promet des sanctions pour les acteurs des filières agroalimentaires qui ne joueraient pas le jeu du dialogue, en matière d’indicateurs de prix.
« Nous allons renforcer les pouvoirs de sanction sur ceux qui ne souhaiteront pas contractualiser ou seront les responsables d’une rupture des négociations », a déclaré Stéphane Travert le dimanche 9 septembre 2018, lors de l’événement Les Terres de Jim, à Fougères (Ille-et-Vilaine).
Le ministre le martèle, « c’est aux filières de prendre leurs responsabilités ». Tout le projet de loi repose sur ce double pari : d’une part, que les producteurs parviennent à s’organiser entre eux pour peser sur le marché et, d’autre part, que les interprofessions s’entendent sur des indicateurs de prix, sans que la puissance publique n’ait à se prononcer.
« Nous avons un mal fou à nous faire entendre du gouvernement »
Le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) a vite fait part de ses craintes sur le sujet. « Nous avons un mal fou, je dis bien fou, à nous faire entendre du gouvernement sur un des fondements du nouveau dispositif censé être mis en place par la loi, a déclaré Jeremy Decerle, président des JA en clôture des Terres de Jim. Nous demandons que les producteurs, quand ils se regroupent pour négocier avec leurs clients puissent faire prendre en compte leurs coûts de production. Pour ce faire, ils ont besoin qu’il existe des indicateurs neutres, fiables, incontestables, sur ces coûts de production. »
Le risque étant bien sûr que les agriculteurs se voient imposés par les puissants acteurs de l’aval des indicateurs de coûts de production fondés sur les prix des matières premières issus des marchés mondiaux, plus bas que les leurs. « Je n’ai pas fait Harvard, mais je crois qu’entre ce que nous demandons et l’économie administrée, il y a une sacrée marge », souligne Jérémy Decerle…