« Alors que l’aide de l’Union européenne destinée aux jeunes agriculteurs existe depuis plus de trente ans, “le problème” des jeunes agriculteurs persiste », regrette le Parlement européen dans un rapport produit à la fin d’octobre 2017 par son département des politiques structurelles et de cohésion, et diffusé hier, le 13 novembre 2017.
À l’origine, « la complexité et l’inefficacité des mécanismes en place dans la politique agricole commune ne permettent pas à ce jour d’aider les jeunes à entrer dans le métier et à faire face aux principaux obstacles », déplore-t-il.
Aller au-delà des cinq ans après l’installation
Si le Parlement européen recommande que le soutien aux jeunes agriculteurs soit maintenu, voire augmenté, il propose aussi d’en modifier quelques paramètres non négligeables. Comme la limite d’âge pour y prétendre. Il demande de repousser cette limite à 45 ans au lieu des 40 ans actuels.
Tout d’abord, parce qu’entrer dans le métier nécessite aujourd’hui d’accumuler davantage de ressources en vue d’une installation viable, et, d’autre part, parce que les agriculteurs travaillent désormais généralement plus longtemps, argumentent les rapporteurs.
Le Parlement entend aussi réviser l’autre condition d’accès majeure à l’aide européenne, celle d’être installé depuis moins de 5 ans : il souhaite augmenter cette durée, sans toutefois la préciser, afin de favoriser des installations plus progressives. Pour ne pas créer d’inégalités avec les jeunes qui s’installent sans être aidés, il suggère de plafonner le montant total de l’aide.
Revoir les paiements directs des plus âgés
L’obstacle le plus important à l’installation est l’accès au foncier, soulignent encore les rapporteurs, qui pointent plusieurs conséquences : « Les nouveaux entrants ont tendance à exploiter de plus petites fermes, ils ont du mal à accéder aux intrants à des prix compétitifs, et voient leurs activités plus menacées par la volatilité des prix ».
Pour y remédier, ils recommandent la mise en place d’incitations fiscales pour les cédants, mais aussi de réduire l’admissibilité des agriculteurs plus âgés aux paiements directs de la Pac qui « augmentent le prix des terres et n’en facilitent pas la transmission ».
En vue de la future Pac
L’objectif principal de ce rapport est de fournir aux membres du Parlement européen des données fiables et à jour sur l’état de la mise en œuvre des soutiens actuels destinés aux jeunes agriculteurs en vue des négociations sur la future la Pac, souligne ses auteurs. Certaines de ces recommandations pourraient ainsi être reprises dans les négociations.
Pour rappel, les États membres devraient dépenser un total de 2,6 milliards d’euros pour les paiements directs aux jeunes agriculteurs. Et près de 180 000 jeunes agriculteurs devraient en bénéficier, pour la programmation en cours. Entre 2007 et 2013, plus de 126 000 jeunes agriculteurs ont reçu une aide financière, pour un montant global de 3,65 milliards d’euros.