« Les 6 mois supplémentaires ? Pourquoi pas. Réfléchissons-y ensemble », a déclaré Didier Guillaume au congrès annuel de Coop de France le 18 décembre 2019 à Paris. Il répondait à Dominique Chargé, président de l’organisation, lui demandant un délai supplémentaire, au-delà du premier janvier 2021, pour la mise en œuvre par les coopératives de la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires.

« Puisque c’est le dogme »

« Nous ne sommes toujours pas convaincus, et nous ne le serons probablement jamais, que c’est la bonne mesure pour répondre à l’objectif, que nous partageons par ailleurs : réduire l’usage des produits phytosanitaires. Mais puisque c’est le dogme, nous en prenons acte, a-t-il lancé au ministre. Avec le fonctionnement démocratique qui est le nôtre, comment imaginer que chaque coopérative soit en mesure de faire un choix, en conscience, et de le mettre en œuvre, avant le 1er janvier 2021 ? »

Les coopérateurs « ne sont pas de simples fournisseurs »

Dominique Chargé a aussi réaffirmé son opposition à la nouvelle action permettant aux associés coopérateurs d’engager la responsabilité de leur coopérative devant le tribunal en cas de rémunération abusivement basse de leurs apports. « Nos fondamentaux, notre raison d’être, c’est d’appartenir aux agriculteurs, d’être à leur service et à celui de leurs territoires », a-t-il insisté.

« Par la possibilité de rendre judiciaire la relation entre les adhérents et leur coopérative, nous fragiliserons, voire nous casserons, cette dimension : ce n’est pas responsable, a-t-il jugé. Les agriculteurs coopérateurs ne sont pas les simples fournisseurs de leurs entreprises. Ils en sont les propriétaires, les actionnaires et les dirigeants. La solution ne peut pas être que dans la loi, elle est aussi dans l’évolution des pratiques. »

De son côté, le ministre a préféré se dédouaner de toute mauvaise intention. « Ne pensez pas qu’il y a une volonté du gouvernement de mettre à mal la coopération, mais au contraire de la développer », a-t-il répondu. Afin qu’une « nouvelle page » de leur relation puisse être écrite, un rendez-vous a été fixé par le ministre au prochain Salon international de l’agriculture à Paris qui se déroulera du 22 février au 1er mars 2020.

Le gouvernement à l’écoute sur la compétitivité

Dans cet esprit d’ouverture, Didier Guillaume s’est d’ailleurs dit prêt, avec Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances, à reprendre « en partie » les propositions faites par Coop de France, avec la FNSEA et l’Association nationale des industries alimentaires, pour restaurer la compétitivité de l’agriculture et l’agroalimentaire dans « le Pacte productif » du gouvernement.

Alexis Marcotte