Dix-neuf par jour : c’est le rythme de nouvelles conversions enregistrées par l’Agence Bio sur le premier semestre de 2017. En légère baisse par rapport au premier semestre de 2016, où il s’établissait à 21 fermes par jour. « Mais il y a eu également moins d’arrêts », selon l’Agence, tout en précisant que ces arrêts correspondent majoritairement à des départs en retraite. Au final, elle enregistre donc 2 965 nouveaux producteurs bio sur les six premiers mois de l’année (contre 2 996 nouveaux producteurs sur les six premiers mois de 2016).

8 % des exploitations sont en bio

Dans l’ensemble, donc, la bio confirme son essor. Au 30 juin 2017, la France compte 35 231 producteurs, soit une hausse de 9,2 % par rapport au 31 décembre 2016. « Cela représente 8 % des exploitations et 11 % de l’emploi agricole », insiste l’Agence bio, « des emplois locaux et non délocalisables ». La progression des surfaces est estimée à 15 % sur le premier semestre, pour s’établir à 1,77 Mha. En attendant les chiffres définitifs, l’Agence bio estime donc que 6,5 % de la SAU française est en bio.

Les dynamiques varient d’une région à l’autre. L’Occitanie affiche près de 8 000 producteurs bio, et les Régions Auvergne-Rhone-Alpes et Nouvelle Aquitaine dépassent les 5 000 producteurs – dont 8 à 9 % nouvellement engagés en 2017, dans chacune des trois régions. Si les Hauts-de-France comptent encore peu d’agriculteurs bio, la dynamique de conversion est notable, avec 16 % de nouveaux engagés sur le premier semestre de 2017.

Un développement tiré par les consommateurs

L’aval suit le mouvement, avec 934 nouveaux transformateurs sur le premier semestre de 2017 (+8,8 % par rapport à la fin de 2016) et 441 nouveaux distributeurs sur la période (+11 %). Le rythme d’ouverture de magasins spécialisés a augmenté par rapport à la même période de 2016, et ils sont souvent de plus grande taille note l’Agence. Logiquement, les ventes de produit bio dans les magasins spécialisés ont donc augmenté par rapport à 2016 (+12 %). Mais pas autant que les ventes de produits bio par la grande distribution, qui ont bondi de 18 % sur la période, signe d’une démocratisation de la bio.

Il faut dire que la demande ne faiblit pas, bien au contraire. En 2016, 89 % des Français ont consommé du bio, dont 69 % disent en consommer régulièrement, d’après le baromètre Agence bio/CSA de janvier 2017. Leurs motivations sont dans l’ordre : la santé (66 %), l’environnement (58 %) et la qualité gustative (56 %). L’Agence bio note que ce trio est le même depuis quelques années, mais que l’écart se resserre : la bio est de plus en plus associée à la qualité gustative.

La question de l’accessibilité des produits bio reste cependant cruciale. Les marges indécentes des distributeurs, révélées par l’étude récente de l’UFC-Que Choisir, sont peut-être en cause dans certains cas, mais l’Agence bio tempère ce constat. Selon elle, l’urgence est de développer la bio, afin d’éviter les situations de pénurie qui font monter les prix. Elle rappelle que certaines filières (grandes cultures, viande bovine, vin…) sont encore largement déficitaires en produits bio français…

B. Lafeuille