La moisson approche et la facture risque d’être salée : le prix du gasoil non routier (GNR) a augmenté de 30 % en un an, atteignant 1 € TTC/l fin mai. Le principal responsable de cette hausse est le prix du baril de pétrole, qui oscille entre 75 et 78 $ depuis deux semaines alors qu’il dépassait à peine 30 $ en janvier 2016. L’accord de réduction de la production conclu entre les membres de l’Opep (Arabie Saoudite, Algérie, Iran, Irak, Koweït, Venezuela…) et plusieurs grands pays producteurs non-membres du cartel, dont la Russie, a rééquilibré l’offre et la demande.

Entré en vigueur en janvier 2017, il a été prolongé jusqu’à fin 2018 et prévoit de réduire la production cumulée de tous les signataires de 1,8 million de barils par jour. Très efficace, il a favorisé la flambée du prix du baril. Et la baisse de la production du Venezuela, en plein marasme économique, a contribué à diminuer encore plus les stocks mondiaux. À tel point que certains chefs d’État s’inquiètent de la possibilité d’un nouveau choc pétrolier.

Production record aux États-Unis

Un prix du baril aussi élevé pénalise les économies occidentales, en particulier celle des États-Unis. C’est d’ailleurs ce pays qui est à l’origine de l’effondrement des prix de 2016, avec le développement de son pétrole de schiste, qui lui confère aujourd’hui le rang de premier producteur mondial de brut. Contrairement à l’Opep et ses alliés, les États-Unis ont maintenu un rythme de forage élevé. Certains puits fermés en l’absence de rentabilité en 2016 ont même été remis en service.

Selon Baker Hughes, spécialiste américain du forage, le parc des puits de pétrole en activité aux États-Unis a encore augmenté de 2 unités la semaine dernière, portant à 861 le nombre total de sites. Cet indicateur de l’activité des producteurs américains de pétrole n’a plus baissé depuis le 29 mars. La solution pour augmenter l’offre et faire baisser mécaniquement le prix se trouve donc du côté du cartel dominé par l’Arabie Saoudite.

Pression sur l’Arabie Saoudite

Selon l’agence Bloomberg, « les États-Unis ont demandé à l’Arabie Saoudite et à plusieurs pays membres de l’Opep d’augmenter leur production de pétrole, sans fixer d’objectif précis ». Parallèlement, certains pays producteurs envisagent déjà d’ouvrir les vannes afin de compenser la baisse des exportations de l’Iran, provoquée par les sanctions américaines envers la république islamique.

Enfin, avec un baril à 80 $, plusieurs gros exportateurs entrevoient la possibilité de remplir à nouveau leurs caisses en forant plus. Reuters a rapporté le 25 mai que « l’Arabie saoudite et la Russie discutaient d’une augmentation de la production d’environ un million de barils par jour et qu’une décision serait prise lors de la prochaine réunion ministérielle de l’Opep et de ses partenaires ». Rendez-vous le 22 juin à Vienne (Autriche) pour connaître l’issue des tractations.

Corinne Le Gall