« On est appelé souvent trop tard, comme un pompier arrivant sur une charpente déjà en cendres. » L’image retenue par Jean-Marie Tomaszyk, directeur adjoint de la chambre d’agriculture de l’Aveyron, interpelle. Le traitement des difficultés de « l’entreprise agricole » est-il aujourd’hui suffisamment efficace ? C’est la question qu’ont pu se poser tour à tour des universitaires, experts fonciers agricoles, mandataires judiciaires lors du colloque sur les « difficultés de l’entreprise agricole » organisé à l’université de Montpellier ce 25 mai 2018.
Des outils les « meilleurs au monde »
Sans dénigrer la qualité des outils en tant que tels, jugés comme les « meilleurs au monde » par Marc André, secrétaire du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ), les intervenants ont pointé du doigt la méconnaissance par les exploitants agricoles des mécanismes existants. Méconnaissance qui devient préjudiciable face à la nécessité d’agir rapidement lors de l’apparition des premières difficultés.
L’enjeu est important. « Identifier suffisamment tôt les difficultés est primordial pour la réussite des plans de redressements », a insisté le secrétaire du CNAJMJ. C’est face à cette difficulté que Jean-Tomaszyk a appelé « à sensibiliser tous les acteurs du monde rural de la nécessité de détecter en amont les difficultés des exploitations agricoles ».
Le poids de la famille
La tâche ne s’annonce pas simple tant il existe une crainte virant même parfois à un véritable « déni » lorsqu’est abordée la question des difficultés financières. Claire Izembart, présidente de l’Adad 31, l’explique en partie par le « poids de la famille ». Certains voient l’ouverture d’une procédure collective comme « un échec face à la réussite qu’ont pu connaître leurs parents et grands-parents ».
Pour autant, ces procédures ne sont pas des fatalités, comme l’explique Mathilde Dols-Magneville, de l’Université de Montpellier. « Sur la Région Occitanie, on constate une évolution dans les plans de redressement. On retrouve des conversions à l’agriculture biologique ou le développement de la commercialisation internationale pour certains viticulteurs de la région de Perpignan. Les procédures collectives avaient aussi pour vocation d’accompagner ces changements de société et à les amortir ». Le redressement peut être aussi l’occasion de se transformer.