Invité de RTL ce jeudi 3 août 2017, le ministre a rappelé les « objectifs vertueux et ambitieux » du gouvernement pour la bio : « 50 % de bio et de produits d’appellation d’origine dans la restauration collective, passer de 6 à 8 % les terres cultivables en bio ». Le transfert de 4,2 % de crédits du premier vers le second pilier Pac vise justement à « relancer et conforter » les politiques en faveur du bio.
A ceux qui réclamaient un transfert plus conséquent, il réplique : « je n’oppose pas les modèles agricoles les uns aux autres. Ce n’est pas d’un côté, tout pour le bio, et rien pour les autres ». À ceux qui exigeaient que l’État paye de sa poche, il sort l’argument des « 3 % de déficit budgétaire à respecter. Et ces 3 % nous permettent d’être crédibles à Bruxelles pour négocier une Pac plus forte et plus ambitieuse. Il a fallu faire des choix », se défend le ministre, qui assure que ces choix permettront de tenir les engagements jusqu’en 2021.
Agriculteurs échaudés
Mais selon quelles modalités de financement ? Les producteurs bio ont été échaudés par les retards d’instruction et de paiement de leurs dossiers et par certaines décisions de plafonnement rétroactif des aides qui ont été prises dans certaines régions. Avec une enveloppe contrainte et une dynamique de souscription difficile à prévoir, impossible de garantir que tous les dossiers seront financés selon les conditions espérées jusqu’à présent. La gestion du second pilier étant confiée aux régions depuis 2015, l’État botte en touche. « Ce sont les premiers acteurs à porter ces politiques sur le bio », a rappelé Stéphane Travert sur RTL, ajoutant qu’« on peut aussi trouver des financements extérieurs ».
La répartition de l’enveloppe entre les régions et les modalités de soutien aux politiques de développement de la bio seront au menu d’une réunion entre l’État et les régions en septembre. Les discussions promettent d’être animées. « Vu les disparités entre régions, celles qui ont beaucoup d’ICHN, celles qui ont beaucoup de conversions bio… Il n’y aura aucune position commune entre les régions. Il ne faut pas qu’on s’écharpe sur ce transfert : à l’État de prendre ses responsabilités pour définir les modalités de transfert », a confié à La France Agricole Jean-Pierre Raynaud, président de la Commission agriculture des régions de France. « Et si le transfert ne suffit pas, il faudra que l’État trouve une solution pour remettre de l’argent : on ne peut pas imaginer que l’ICHN, la bio ou les MAEC ne soient pas financées jusqu’à la fin de la période. »