L’emploi agricole par l’intermédiaire d’un tiers employeur est « plutôt plus attractif » que le salariat en direct, selon un rapport du CGAAER (1), publié en juillet 2021. À l’exception du travail détaché, les « nouvelles » formes de travail en agriculture proposent « des conditions de travail, de couverture sociale, les parcours professionnels et de formation » plus attractive que le salariat direct sur une exploitation, selon le document.
De quelles formes de travail s’agit-il ? Des entreprises de travaux agricoles (ETA), des groupements d’employeurs, de l’intérim national, ou encore de l’insertion par l’activité économique (par exemple les jardins de Cocagne). « Le recours au tiers employeur peut également pallier le manque de compétences ou de goût des exploitants pour le management et la gestion des ressources humaines », ajoute le CGAAER.
Montée en puissance
« Le recours à des tiers pour la réalisation des travaux agricoles s’est fortement accentué en 9 ans » (entre 2010 et 2019). Il « représente une part significative des moyens de production », analysent les auteurs du rapport, soit 12 % des ETP (équivalents temps plein) agricoles totaux en 2019.
Sur un total de 715 000 ETP, les non salariés agricoles représentent 380 000 ETP, les salariés 248 000 ETP (35 %) et la main-d’œuvre employée par des tiers 87 000 ETP environ (hors entreprises de travaux forestiers).
Les ETA et les groupements d’employeurs (comprenant les services de remplacement et les Cuma) regroupent la majorité des emplois « indirects », respectivement 41 % et 34 %. Les groupements d’employeurs sont en fort développement sur 9 ans (+70 %), les ETA également (+33 %). Ils représentent respectivement 5 % et 4,5 % des ETP totaux du secteur.
Les secteurs de la viticulture, du maraîchage et de l’arboriculture emploient 64 % des salariés en ETP (équivalent temps plein) mis à disposition par des tiers employeurs. Les exploitations de cultures et élevage non spécialisés en embauchent 24 %.
Répondre aux besoins croissants de main-d’œuvre
Le CGAAER considère dans sa publication que ces nouveaux modèles de travail en agriculture pourraient permettre de rendre le secteur plus attractif, et qu’ils répondent chacun à leur manière aux besoins du secteur agricole.
Les ETA offrent des conditions plutôt favorables à leurs salariés (horaires annualisés, plan épargne entreprise…) et pourraient répondre aux préoccupations de transition agroécologique par un équipement de pointe.
Les groupements d’employeurs, outil qui fait office de « couteau suisse », peuvent répondre à la fois aux besoins de saisonniers (pointe ou saison longue) ou à l’emploi de saisonniers étrangers.
Au sein des groupements d’employeurs, « l’évolution professionnelle peut être facilitée par la formation et l’acquisition d’expériences et de compétences multiples dans des environnements de travail diversifiés », relève le rapport. Ce qui les rend plutôt attractifs pour les salariés.
L’intérim est pour l’instant une activité de niche mais pourrait répondre à des besoins en main-d’œuvre qualifiée, car son coût est plus élevé. L’insertion par l’activité économique peut permettre de toucher un vivier de candidats qui ne se seraient pas tournés vers l’agriculture.
Le CGAAER estime que le travail détaché doit rester une solution répondant à des besoins de main-d’œuvre saisonnière de pointe et que l’État doit mettre en place des systèmes de « contrôle et de répression d’une part, de prévention et de conseil d’autre part ».
Le CGAAER recommande d’introduire la gestion des ressources humaines dans les cursus de formation initiale et continue de l’enseignement technique agricole qui préparent les futurs exploitants agricoles.
(1) Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.