«Ce n’est pas qu’un film. Douce France c’est un outil qui vise à créer une dynamique et à interpeller tous les acteurs du territoire », lançait le réalisateur Geoffrey Couanon à l’issue d’une avant-première de son nouveau documentaire, le 21 septembre dernier à Laon, dans l’Aisne.

Des adolescents enquêtent sur Europacity

Dans celui-ci, il revient sur le projet Europacity, un gigantesque parc de loisirs et de commerces qui devait s’implanter à Gonesse, au nord de Paris. Il a filmé des lycéens de Seine-Saint-Denis qui menaient une enquête sur ce sujet controversé, sous la houlette de leur professeur de géographie.

Les adolescents sont partis à la rencontre de différents protagonistes aux avis contradictoires : habitants du quartier, promoteurs immobiliers, agriculteurs, élus… Avant les rendez-vous, 95 % d’entre eux n’avaient même pas entendu parler de ce projet qui allait être mené sur leur territoire !

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Leurs idées reçues bousculées

Les lycéens, séduits au départ par ce « Dubaï francilien », s’interrogent peu à peu. Les entretiens bousculent leurs idées reçues. Ils comprennent que 280 hectares de terres agricoles très fertiles seraient bétonnées. Ils découvrent l’agriculture biologique et les circuits courts (Amap).

« Ce documentaire d’une heure et demie est tiré de 220 heures de tournage ! », souligne le réalisateur. Les questions des jeunes enquêteurs sont pertinentes. S’ils tirent bénéfice de cette aventure, les personnes qu’ils ont rencontrées aussi. « Ils ont éduqué, à leur manière, le directeur du centre commercial et les porteurs de ce projet », s’amuse Geoffrey Couanon, qui est également animateur de quartier.

Sortir de l’opposition

L’auteur a réalisé ce film militant en partenariat avec Terres de lien, une association qui décharge les porteurs de projets agricoles du souci du foncier. Il rappelle l’urgence au niveau du climat et souligne : « La raison de mes films est qu’ils soient des outils de changements sociétaux. Le territoire est un sujet qui parle à tous. Mais, il est nécessaire de sortir de l’opposition et d’être “pour” quelque chose et non plus “contre”. »

Le réalisateur est parti en tournée avec son film pour ouvrir les esprits, hors des milieux convaincus. Quatre-vingts avant-premières sont ainsi programmées avant la sortie du film, prévue le 9 décembre. Son but est que demain les projets d’aménagement s’inscrivent dans un territoire et soient construits avec les acteurs locaux.Catherine Yverneau