Au nom d’une meilleure efficacité budgétaire et d’une plus grande équité entre les assurés, Emmanuel Macron a annoncé son intention de créer un unique et grand régime de sécurité sociale. Son arrivée au pouvoir sonne-t-elle la fin de la MSA (Mutualité sociale agricole) ?
Pascal Cormery : J’ai eu la chance d’échanger en tête à tête avec Emmanuel Macron il y a 18 mois. Nous avons passé environ 2 heures à discuter du rôle de la MSA. Depuis sa candidature, je l’ai revu au Salon de l’agriculture. Et je suis en contact avec ses équipes, à la fois celle en charge de la protection sociale et celle de l’agriculture. Dans ce cadre, nous échangeons beaucoup d’informations. Nous avons pu lui faire part de notre vision et lui rappeler que nous sommes un organisme de protection sociale, réparti sur le territoire avec 250 agences, 24 000 délégués…
Que vous ont dit les équipes d’Emmanuel Macron ? A-t-il abandonné l’idée de simplifier le système de la Sécurité sociale en France ?
Je pense que sa vision n’est pas tout à fait celle-ci. Le régime agricole n’est pas un régime spécial, comme celui des députés, ou celui des clercs de notaire. Nous sommes un opérateur et un régime aligné sur le régime général, c’est très différent. Nous faisons partie de la grande famille du régime général mais nous sommes bien un opérateur spécifique du monde rural. Et nous comptons le rester… Il y a aura des discussions dans les semaines à venir.
Alors vous confirmez les craintes ?
Je suis de nature optimiste, donc je dis qu’il n’y a pas de crainte à avoir. Emmanuel Macron nous connaît bien. Et il l’a dit dans plusieurs de ses discours à l’adresse du monde rural : il sait le rôle important que joue la MSA, notamment auprès des agriculteurs en souffrance. Il est très sensible au travail que l’on fait. Il sait que la MSA couvre 10 % de la population, que nous avons de grandes capacités d’adaptation et d’expérimentation.
Nous sommes capables sur un tas de sujets de mettre en place des expérimentations sur une petite frange de la population, de voir si cela fonctionne ou pas, puis de l’appliquer au régime général. Ce que, lui, ne peut pas faire. Je ne pense pas que demain matin, le Président décide de balayer tous les régimes et de créer un unique et grand régime. Non je ne crois pas. D’autant plus que le régime général est essentiellement présent dans les zones urbaines. Ceux qui habitent dans la campagne s’en trouveraient inévitablement lésés.
Quelles sont vos attentes à l’égard du président Macron ?
Ce que nous proposons depuis quelques jours aux équipes d’Emmanuel Macron, c’est que la MSA soit le référent des territoires ruraux sur la protection sociale. Pas uniquement pour nos ressortissants, mais aussi les commerçants, les artisans et pour l’ensemble des ressortissants du milieu rural.