Traire, gérer l’administratif, tenir le magasin de vente à la ferme ouvert à la fin de 2017… C’est la charge de travail de Céline Gauliard, installée en Gaec avec son mari Vincent, sur 140 ha et 50 laitières en agriculture biologique à Oiselay-et-Grachaux (Haute-Saône). La maman de deux enfants de huit et deux ans avoue ses difficultés à s’organiser pour tout faire : « Nous employons un salarié à mi-temps pour traire le matin en semaine, car c’était devenu impossible pour moi avec un très jeune enfant. »
« Quant à la vente directe (viande, œufs, volaille et pommes de terre), elle est nécessaire financièrement. Nous travaillons tous les jours, mais je ne ferais pas autre chose ! En tant qu’agricultrices, nous devons gérer énormément de tâches entre la ferme et la famille. Et nous ne sommes pas forcément comprises sur cette problématique quotidienne. »
« Revaloriser la place des femmes »
Les sept autres membres de la commission départementale des agricultrices de la Haute-Saône acquiescent. Si elles étaient réunies ce 6 mars, à l’avant-veille de la journée internationale des droits des femmes, « c’est pour faire voir que l’on existe, parce qu’il faut revaloriser la place des femmes dans l’agriculture. Lever des difficultés à l’installation et à la retraite », défend Anne Robin, leur présidente. Prendre un congé de maternité peut par exemple être compliqué. « Certes, c’est un droit. Mais dans mon cas, pour le remplacement, nous avons dû assumer nous-mêmes un coût de 12 € par jour », témoigne Céline.
« Ce n’est pas parce qu’on est chez nous qu’on ne travaille pas ! »
Socialement, la transparence des Gaec acquise en 2015 permet une pleine reconnaissance du statut d’agricultrice. Toutefois, les retraites à l’issue de carrières en partie sans statut « sont plus que misérables, malgré un travail pénible ! », pointe Anne Robin. Dans les faits, les membres du groupe constatent la persistance d’un manque de reconnaissance du travail accompli par les femmes. Il est pourtant essentiel, car il inclut des tâches clés, notamment la traite et toute la comptabilité-gestion.
« [Dans la profession], il faudrait que les hommes soient plus conscients de ce que l’on fait, estime Katia Nolot, agricultrice à Aroz. Et vis-à-vis de l’extérieur, ce n’est pas parce qu’on est chez nous qu’on ne travaille pas ! » Mieux communiquer sur le fait qu’agricultrice est un métier à part entière, et sur son contenu, s’avère nécessaire. Ce à quoi la commission s’emploie : l’après-midi du 6 mars, plusieurs agricultrices se sont initiées à l’accueil de scolaires, lors d’une visite chez Céline Gauliard.