Avant la campagne pour l’élection présidentielle, le think-tank Terra Nova y va, comme d’autres institutions, de sa liste de propositions pour l’agriculture. Dans un texte publié le 23 février 2022, le groupe de réflexion, indépendant mais plutôt progressiste et qui passe pour avoir l’oreille d’Emmanuel Macron, se demande comment concilier la transition écologique de l’agriculture et la souveraineté alimentaire.
À vrai dire, cette question était déjà au centre de la réflexion sur la politique européenne du Green deal dans laquelle s’inscrit la réforme de la politique agricole commune de 2023. Plusieurs études, mises en avant par les professionnels, avaient alerté sur la baisse de la production agricole qu’allait entraîner une telle réforme sous la bannière de la transition écologique.
A sa manière, Terra Nova rejoint l’idée que l’articulation entre écologie et production agricole ne va pas de soi : « La transition écologique requiert une profonde transformation de notre modèle agricole et de notre alimentation », commence-t-il par écrire dès l’introduction de son rapport.
Terra Nova se focalise sur les moyens de résoudre cette difficulté. L’atelier d’idées propose une construction en cinq chantiers.
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Organiser la gouvernance de la transition
Terra Nova envisage de confier aux régions l’orchestration, à l’échelle du territoire, d’un contrat social passé entre les agriculteurs et le reste de la société au sein d’une nouvelle commission indépendante des ministères.
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Décarboner l’agriculture
Terra Nova milite pour la réorientation d’une bonne partie des soutiens à l’agriculture et à l’investissement en faveur de la transition écologique, pour des engagements de long terme de l’amont et de l’aval. Le think-tank conseille aussi de mettre en place un diagnostic de la qualité des sols dans l’idée de restaurer en dix ans les sols les plus dégradés. Le groupe de réflexion envisage aussi le portage du foncier pour faciliter l’arrivée de nouveaux agriculteurs. Il envisage aussi de créer des baux ruraux environnementaux, dans l’idée de contractualiser les contraintes agroécologiques.
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Faire peser des contraintes sur les distributeurs
Dans l’objectif de stabiliser le revenu des agriculteurs engagés dans la transition écologique, Terra Nova fait porter des contraintes sur les distributeurs. Ces derniers seraient poussés à proposer une majorité, de l’ordre de 70 % des rayons, de produits d’origine française, à faire obligatoirement de l’affichage environnemental sur les produits, et à favoriser des régimes « moins carnés ». Les ménages les plus modestes seraient aidés par des chèques verts pour faire leurs achats.
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S’adapter au changement climatique
Terra Nova envisage de réorienter les investissements agricoles du plan de relance vers l’adaptation au changement climatique. Ce dernier deviendrait une priorité de la recherche agronomique.
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Mettre en œuvre les clauses miroirs
Terra Nova rejoint la logique des « clauses miroirs » dans le commerce international, c’est-à-dire d’imposer aux importations les mêmes contraintes que celles qui pèsent sur les agriculteurs français, mais aussi de ne pas exporter de produits agricoles européens qui ne répondraient pas aux contraintes internes.