Depuis plus de trente ans, Mont-de-Marsan chauffe certains de ses bâtiments par géothermie. Pour satisfaire aux règles environnementales, il lui fallait une solution pour le rejet de cette eau puisée à 2 000 m de profondeur à 62 °C, encore chaude après utilisation (45 °C environ).
L’idée est venue de la chambre d’agriculture : faire un bassin de stockage dédié à l’irrigation. Pour différentes raisons techniques et financières, le projet a mis dix ans avant d’aboutir. Pour la première fois cet été, quatre agriculteurs ont pu irriguer l’équivalent de 137 ha. Auparavant, ils prélevaient l’eau dans les rivières d’un bassin-versant déficitaire. « Notre droit de pompage était toujours mis à mal par les restrictions. Celles-ci survenaient régulièrement pendant la période cruciale de la floraison du maïs, résume Jean-François Van Daele, l’un des irrigants. Grâce à ce nouveau bassin, nous disposons chacun de 2 200 m3 d’eau à l’hectare que nous pouvons prélever quand bon nous semble. Nous n’irriguerons pas plus, mais mieux ! »
Le bassin étanche d’une capacité de 300 000 m3 a été construit sur la commune de Mazerolles, à 3 km à vol d’oiseau du forage géothermique. L’eau acheminée pendant l’hiver (période de chauffage), via une conduite souterraine, refroidit à l’air libre grâce au bassin de stockage.
Rendements sécurisés
Une station de pompage hivernale a été prévue pour compléter, si nécessaire, le remplissage du bassin. Mais elle ne devrait être fonctionnelle que très rarement, en cas d’hiver doux par exemple. Puisée en profondeur, l’eau est naturellement légèrement radioactive. Des analyses de sol sont donc obligatoires pendant trois ans pour s’assurer qu’il n’y a pas de répercussions sur les terres agricoles. « Une simple formalité », pour Jean-François Van Daele.
« Le chemin a été long et l’investissement est conséquent, poursuit l’agriculteur. Le coût de fonctionnement est équivalent à celui de l’irrigation individuelle, mais avec une garantie d’eau. Celle-ci me permettra de sécuriser les rendements et de garder mes contrats de production de semences. » Les quatre points de pompage en rivière ont, quant à eux, été supprimés, contribuant à l’équilibre quantitatif du bassin-versant.
Hélène Quenin