« Depuis deux ans, les dégâts de corbeaux ont pris une ampleur considérable, explique Franck Lemaire, de Moyenneville, près d’Abbeville (Somme), Ils s’attaquent surtout au maïs en cassant les jeunes tiges pour récupérer les graines. » L’an dernier, Franck Lemaire a perdu 3 hectares sur les 22 hectares qu’il avait semés, et a dû acheter 3 hectares de maïs fourrage à un voisin.

Un cauchemar

Cette année, pour être sûr d’avoir assez de fourrages, Franck Lemaire a implanté 25 hectares de maïs au lieu de 22 hectares, mais c’est 3 hectares de blé en moins à vendre. Pendant un mois au printemps, cela a été le cauchemar : « Depuis quelques années, j’utilise un produit à base d’épices comme répulsif, mais les corbeaux s’y sont habitués », indique-t-il.

 

« J’ai installé plusieurs canons effaroucheurs, à plus de 200 mètres des maisons selon les recommandations des gendarmes, mais ça a gêné des voisins. L’un des canons a été abîmé à deux reprises à coups de marteau. Nous avons dû monter la garde pendant trois semaines avec mon père et mes enfants, à tour de rôle. Malgré cela, j’ai dû en ressemer 2,5 ha. Si nous ne l’avions pas fait, les corbeaux auraient détruit toute la parcelle. »

Une régulation indispensable

« Les corbeaux engendrent des ressemis et des pertes de rendement, constate Denis Delattre, agriculteur à Blangy-sous-Poix, qui a pris le dossier en main à la FDSEA de la Somme. Le maïs est la culture la plus touchée, mais les corneilles noires et les corbeaux freux s’attaquent aussi aux pois, aux féveroles et, avant la moisson, aux céréales. »

 

Pour mesurer l’ampleur du phénomène, la FDSEA, la chambre d’agriculture, les coopératives Noriap et Calipso et les Ets Charpentier ont lancé une enquête auprès des agriculteurs, à laquelle une centaine d’entre eux a déjà répondu. « Nous souhaitons que ces animaux restent classés nuisibles et que les chasseurs les régulent davantage dès l’automne », demande Denis Delattre, qui aimerait disposer d’une substance répulsive efficace.