«Nous ne sommes plus autorisés à cultiver les 40 premiers mètres en bordure de falaise, explique Guillaume Hemeryck, agriculteur à Arrest, dans la Somme. C’est par hasard, au cours d’une réunion l’automne dernier avec la DDTM, que nous avons appris cette nouvelle. » Guillaume cultive une parcelle le long du littoral dans la commune d’Ault. L’agriculteur comprend tout à fait la nécessité de prendre des précautions. Le week-end dernier, un pan de falaise s’est encore écroulé à Étretat, en Seine-Maritime. Le problème est que le plan de prévention des risques naturels (PPRN) des falaises picardes a été signé le 19 octobre 2015, pour être mis en œuvre dans un délai d’un an. Mais aucun agriculteur n’a été averti.
Comme Guillaume Hemeryck, une dizaine d’exploitants sont concernés dans la Somme. « De mon propre chef, j’ai mis en herbe une bande d’une cinquantaine de mètres en bordure de la falaise, indique-t-il. Mais hormis un courrier de la chambre d’agriculture, je n’ai encore reçu aucune demande officielle, et surtout aucune proposition d’indemnisation. Il est aussi surprenant qu’au-delà de la rivière de la Bresle, en Normandie, aucune mesure particulière n’ait, a priori, été prise. »
Négociations en cours
« Le PPRN est une obligation nationale, mais l’état d’avancement n’est pas le même partout, précise Emmanuel du Tertre, responsable du pôle aménagement du territoire et environnement à la chambre d’agriculture de la Somme. Ici, le conservatoire du littoral propose de racheter à l’amiable les parcelles concernées aux propriétaires. Pour les agriculteurs, rien n’est prévu pour le moment. Les éleveurs peuvent continuer à faire pâturer leurs troupeaux. Mais pour ceux qui ne sont pas éleveurs, ou dont l’élevage n’est pas sur place, aucune solution n’a été trouvée. »
La chambre d’agriculture planche sur des propositions. « Un courrier a été adressé aux propriétaires des communes d’Ault et de Saint-Quentin-la-Motte-Croix-au-Bailly, souligne Fanny Godart, de la FDSEA de la Somme. Ceux de Mers-les-Bains seront concernés dans un deuxième temps. Il faut réfléchir à la façon dont les agriculteurs vont être indemnisés. »