« J’essaie de faire les choses avec la volonté de structurer, d’organiser, a-t-il défendu. Cela commence à porter ses fruits. Le vrai débat, c’est que ça dure… Mais c’est un autre débat ! », qui se joue en partie le dimanche 29 janvier 2017, avec le second tour de la primaire de la gauche. Le soutien fidèle de François Hollande avoue volontiers n’avoir voté ni pour Hamon, ni pour Montebourg au premier tour. Et au deuxième tour, Valls ? Pas de réponse. Alors, Macron ? Pas de réponse non plus, mais encore l’espoir de voir une « certaine gauche » au deuxième tour de la présidentielle.

Record de longévité

Stéphane Le Foll aura passé cinq ans au ministère de l’Agriculture. Un record qu’il aime à rappeler. Une longévité inégalée à ce poste sous la cinquième République, mais aussi la quatrième et peut-être la troisième, a-t-il souligné en présentant ses vœux à la presse et aux parlementaires. En octobre dernier, il est passé devant Edgard Pisani, le père des lois fondatrices de l’organisation actuelle de l’agriculture. Dressant la liste de ses faits d’armes – « pour que ce soit bien impressionnant », s’est-il amusé – Stéphane Le Foll espère, sans le dire, laisser une empreinte aussi profonde que son illustre prédécesseur dans l’histoire récente de l’agriculture.

« Le changement c’est demain »

La réforme de la Pac, avec son verdissement, son paiement redistributif et la reconnaissance officielle de la transparence des Gaec, la loi d’avenir, l’interdiction des OGM, la loi sur les petites retraites, la prolongation de l’aide alimentaire et la défiscalisation des dons, la loi antigaspillage, la loi de défense de la forêt contre les incendies, les lois sur consommation et Sapin, la limitation de la spéculation sur les marchés agricoles, la loi montagne, celle sur l’accaparement des terres et les certificats d’économie de phytos, les modifications de la DPA (dotation pour aléas), la création des indemnités journalières pour maladie, la fiscalité incitative à la méthanisation, les plans pour passer les crises agricoles, l’étiquetage de l’origine France… Le ministre de l’Agriculture veut croire que les lignes ont bougé, durablement, vers une organisation collective des agriculteurs et surtout, à travers l’agroécologie.

« Derrière toutes ces réformes, j’avais un projet agricole. J’ai beaucoup souffert des débats sur d’autres sujets, comme la loi sur la biodiversité. C’est plus facile de s’accrocher à des symboles et des interdits, a-t-il confié, que de mettre en place une politique dont on ne voit pas les effets à court terme. Mais à moyen terme, les meilleurs outils pour engager une mutation et avoir des résultats est bien plus important que les symboles. » On pourrait résumer sa politique ainsi : « le changement, c’est demain ! »

Satisfait et soulagé

Stéphane Le Foll est satisfait de son mandat, mais aussi soulagé. « J’ai eu toutes les crises possibles. » Physiquement, il dit avoir senti passer les cinq années et laisse ce portefeuille sans regret. Son regret est peut-être de ne pas avoir eu l’environnement – « j’aurais pu faire des choses », a-t-il lancé sans avoir besoin de rappeler ses passes d’armes avec Ségolène Royal – ou le ministère du travail, « ce qui a failli se faire ».

En attendant, il compte bien mener son dernier projet à terme, la bioéconomie, « en cohérence avec l’agroécologie », rappelle-t-il. Et d’annoncer, d’ici au Sia, la sortie d’un logo « bioéconomie énergie photosynthèse ». « Avec ces projets, on réconcilie écologie et économie, et on crée de l’emploi également. Ce n’est pas sur la fin de l’emploi comme certains le pensent. Il faut qu’on pense à la capacité à générer des emplois. » C’était un tacle à Benoît Hamon et son revenu universel.

Arielle Delest