Ils sont quelque 400 agriculteurs à avoir échangé sur leurs pratiques au cours d’une dizaine de circuits de visite les 19 et 20 janvier 2017 en Bretagne. La crise a un peu réduit le nombre de participants espérés. Mais ceux qui se sont déplacés ne le regrettent pas. Sur place, lors des visites, c’est la recherche d’idées, le débat sur les solutions imaginées par les autres groupes de développement qui occupent les discussions.
Une dizaine de circuits
« Nous avons proposé une dizaine de circuits qui montrent la diversité de l’agriculture bretonne mais aussi celles des groupes, commente Olivier Tourand, président de la FNGeda (Fédération nationale des groupes de développement agricole). Les participants vont repartir avec davantage d’envie, des espoirs malgré la crise. »
À l’exemple de cette visite chez Jean-Noël Yvon et sa femme Tiffain, ostréiculteurs à Locoal-Mendon, dans la ria d’Ethel. Pour ce fils et petit fils d’ostréiculteurs, les échanges fournis avec la profession agricole datent déjà des années 2000. À l’époque, un problème de qualité bactériologique de l’eau avait entraîné la dégradation de la qualité de l’eau, qualité qui retentit immédiatement sur les huîtres.
En plein débat sur les produits phytosanitaires, les agriculteurs ont vite été mis sur la sellette. « Mais ici le souci c’était les bactéries, pas les nitrates, poursuit Jean-Noël Yvon. Nous avons vite perçu que le souci venait des habitations, en particulier des raccordements de réseaux. » Les pics de pollution correspondaient aux affluences touristiques.
Ostréiculteurs et agriculteurs échangent
Les ostréiculteurs et les agriculteurs du bassin versant vont malgré tout prendre l’habitude d’échanger et créer un comité. « Il y a 15 ans, on ne se parlait pas, poursuit Jean Noël Yvon. On s’est mis à discuter parfois vivement, les uns face aux autres. Maintenant nous nous connaissons. Nous menons même des actions de promotion liées sur les produits locaux. »
Laurence Annic, agricultrice et membre du GVA « de la terre aux îles », copréside le comité professionnel agricole et conchylicole de la ria d’Etel qui réunit agriculteurs et ostréiculteurs. « Nous avons rédigé un dictionnaire de nos expressions professionnelles pour échanger, explique-t-elle. Si vous dites phyto, un ostréiculteur pense phytoplancton, pas phytosanitaire. »
Dans les années 2005, deux tiers des 400 exploitants de la ria d’Etel ont analysé leurs pratiques. Et avec l’appui de la chambre d’agriculture, ils ont défini des mesures pour limiter la dégradation bactériologique de l’eau : bandes enherbées pour ralentir la course des eaux de pluie, compostage des fumiers… Et la collaboration se poursuit.
Transmettre ses valeurs
L’association Cap 2000 qui réunit agriculteurs, conchyliculteurs et pécheurs à pied du littoral morbihannais travaille aussi à ces actions. Au cours de ce congrès, les groupes veulent aussi se renouveler, comprendre pourquoi ils peinent parfois à transmettre leurs valeurs. Ils souhaitent attirer davantage d’adhérents, en particulier les jeunes, faire sortir les agriculteurs de leur ferme où les enferment les difficultés liées à la crise.
« Nous voulons répondre aux demandes de nos adhérents et non leur imposer des sujets qui ne les intéressent pas », explique Olivier Tourand, en détaillant les quatre pistes que les congressistes devaient travailler vendredi après-midi : quels thèmes veulent-ils travailler à l’avenir dans les groupes ? Quelle organisation imaginent-ils pour le réseau ? Quels seraient les meilleurs partenariats, et enfin comment communiquer entre eux (quels réseaux sociaux, quelle presse…) ?