« Il faut passer d’une sorte de cogestion État-FNSEA à une logique de démocratie alimentaire, où il y aurait une pluralité de syndicats agricoles représentés (dans les discussions), mais aussi les associations travaillant sur la santé, l’environnement, l’alimentation, a dit le député européen. L’agriculture est au cœur de nos territoires et répond à un besoin fondamental – manger – et donc cela concerne tout le monde. Le face-à-face FNSEA-Etat est devenu totalement insupportable », a ajouté le candidat lors d’une rencontre avec la presse de l’environnement.

Des propos « pas dignes » pour la FNSEA

Le secrétaire général de la FNSEA, Jérôme Despey, a immédiatement réagi en jugeant les propos de Yannick Jadot « pas dignes ». Il ajoute que « la cogestion dont il parle est finie depuis longtemps » via un bref communiqué adressé à l’AFP. « Faire sa publicité sur le dos de la FNSEA est une facilité qui n’apporte rien au dialogue démocratique », a-t-il ajouté, en soulignant que le Front national tenait les « mêmes propos » à l’égard du premier syndicat agricole français.

Selon Yannick Jadot, « le binôme Hollande-Le Foll est même plus pro-FNSEA que Sarkozy ! Il n’y a qu’à voir comment s’est passée la renégociation de la Pac, comment se discutent en permanence, sous couvert de discours sur l’agroécologie, les dérogations en matière d’extension des élevages. Tous les plans de sauvetage agricole menés par Le Foll sont des plans de soutien au pire de l’agro-industrie ! Surtout quand la FNSEA est pour la première fois dirigée par l’agro-industrie », a-t-il ajouté, relevant que « ce n’est pas la même chose d’avoir un Lemétayer et un Xavier Beulin ».

Des modèles d’exploitation « durables »

Yannick Jadot, qui a remporté la primaire d’Europe Écologie Les Verts, a expliqué défendre des modèles d’exploitation « durables », la rotation des cultures, la conversion en bio pour servir les marchés locaux (soutenue par une réorientation d’une part de l’aide européenne). Au niveau européen, il prône le plafonnement des aides de la Pac à 100 000 € par exploitation, et le rétablissement des outils de régulation de la production notamment de lait.

« L’idée est la réappropriation citoyenne d’enjeux majeurs », a-t-il souligné, dénonçant aussi des accords de libre-échange comme le Ceta ou le Tafta (TTIP) : autant de « transferts de souveraineté démocratique vers des multinationales qui verrouillent l’évolution vers un modèle agro-industriel où on transforme de plus en plus des fermes en usines, des paysans en ouvriers soumis à des cadences infernales et des animaux en machines ». Yannick Jadot doit présenter son projet présidentiel le 11 janvier prochain.

AFP