« Le monde aura besoin de toutes les agricultures du monde pour nourrir le monde. » Déclinée au fil des prises de parole – le monde aura besoin de tous les agriculteurs, les chercheurs, les citoyens, les territoires… du monde –, cette phrase d’Edgar Pisani a donné le ton du colloque organisé le 13 décembre 2016 à Paris par la Fondation Jean Jaurès.

Un levier parmi d’autres

L’agroécologie ne représentait que l’un des « cinq leviers pour nourrir toute la terre » présentés au cours de ce colloque, avec le partage et la protection du foncier, la qualité de l’alimentation, le « new-deal » rural urbain et le « juste commerce ». Mais c’était bien le centre de gravité des interventions. Et l’occasion pour le futur ex-ministre de l’Agriculture, qui clôturait le colloque, de justifier la politique menée au cours de son mandat.

Le verdissement de la Pac ? Stéphane Le Foll s’est battu pour qu’il soit intégré dans le premier pilier, sans être réduit à peau de chagrin comme l’auraient voulu certains États membres. Pourquoi ? « Pour ne pas s’engager dans une concurrence sur l’environnement entre États membres », a expliqué Stéphane Le Foll, qui a « parfaitement conscience » de la complexité engendrée.

« Au bout d’un cycle »

« Ma conviction profonde, depuis le début, est que l’agriculture est arrivée au bout d’un cycle et a une mutation à opérer », a-t-il poursuivi, évoquant notamment le plafonnement des rendements en céréales, l’accroissement des résistances aux phytos, l’érosion de la biodiversité et le rétrécissement de la base génétique sur laquelle s’appuie l’agriculture. D’où le besoin d’évoluer vers l’agroécologie, vue comme le « passage d’un système basé sur la machine et la chimie à un système qui cherche à maximiser les capacités de la nature », la machine et la chimie pouvant toujours être utilisées « pour corriger ».

Mais le développement de la bio et de l’agroécologie, dont se félicite le ministre, entraîne aussi des défis : celui de la valorisation. Pour la bio, il s’agit de maîtriser son développement en s’organisant et en ne perdant pas de vue ce qu’est la rémunération, a-t-il conseillé. De son côté, « l’agroécologie rendra disponible une matière végétale pour laquelle des marchés doivent être trouvés ». Parce que les pratiques agroécologiques conduisent à une diversification des productions (allongement des rotations, associations de cultures, couverture des sols…), le défi sera de développer autant de marchés rémunérateurs.

B.L.