Le pire pour la FNSEA serait que le futur président de la République échafaude une énième loi d’orientation pour donner un nouveau souffle à l’agriculture française. Alors pour prévenir ce risque, la centrale a mis au point son propre plan d’attaque « prêt à l’usage », qu’elle a présenté le 13 décembre 2016, lors d’un point de presse, à Paris.

Treize mesures

Ce sont treize mesures pour les 200 premiers jours de la nouvelle équipe au pouvoir. « Un plan pour aller vite car on a un sentiment d’urgence. On a besoin par-dessus tout de pragmatisme et de concret », a expliqué Xavier Beulin, qui prévoit de présenter ces dispositions à tous les candidats « en b-to-b dans un premier temps. Puis nous les interpellerons lors du Salon de l’agriculture. »

Le syndicat a même arrêté le fait de tous les réunir à l’issue de son congrès annuel prévu le 29 mars 2017. Et de prévenir d’emblée : « On a tous bien vu que le vote rural faisait des escapades sur les extrêmes. Si on n’a pas de réponses très concrètes dans les programmes des candidats, alors il ne faudra pas s’étonner de voir le monde rural dévier des courants républicains. »

Un plan de modernisation de 6 milliards d’euros

Parmi ses mesures phares, le syndicat plaide en faveur d’un grand plan national d’investissement agricole 2017-2022 destiné aux exploitations agricoles, pour un montant minimum de 6 milliards d’euros. « Alors que la France perd du terrain au regard notamment de ses voisins européens, le progrès est indispensable pour assurer la compétitivité et la durabilité du secteur agricole ».

Et le retour de la compétitivité passera en amont par une baisse des charges avec la mise en place de la TVA sociale et une baisse du coût du travail par une augmentation du taux de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), et en aval « par une valorisation de nos productions », a défendu Xavier Beulin.

Une Pac qui protège

La Pac est, selon la FNSEA, devenue « insipide ; elle ne protège plus les agriculteurs et est de moins en moins lisible pour les consommateurs. Une partie de l’Europe a aujourd’hui une vision très libérale des marchés agricoles et alimentaires. Une autre, et c’est plutôt notre conviction, souhaite sans être interventionniste, la doter de quelques dispositifs protecteurs et conquérants ».

Un statut pour l’agriculteur

La FNSEA souhaite par ailleurs mettre sur pied un véritable statut de l’agriculteur. Un groupe de travail planche sur le sujet depuis juin, et devrait présenter ses conclusions à la future équipe gouvernementale. « D’après la MSA, on a plus d’entrants que de sortants dans la profession. C’est-à-dire que l’on a une frange d’agriculteurs qui ne font pas valoir leur droit à la retraite et qui confient leur exploitation agricole à des entreprises de travaux agricoles… Ça ne doit pas être le modèle dominant. Nous voulons des paysans responsables de leur exploitation », a exposé Daniel Prieur, le secrétaire général adjoint en charge du dossier.

Des outils pour anticiper les risques

Le syndicat veut par ailleurs faire de la fiscalité un levier en matière de résilience. « On pense notamment à une amélioration de la dotation pour aléas avec des provisions faites par les agriculteurs ». Le syndicat entend sortir aussi de « l’annualité en matière fiscale ». Et de prôner une lecture sur trois ans d’un exercice fiscal qui permettrait par les amortissements, par les provisions et finalement une adaptation interannuelle, « d’avoir un effet de gestion sur nos entreprises ».

Réviser de loi de modernisation de l’économie

Sur la question des relations commerciales, le syndicat souhaite une révision de la loi de modernisation de l’économie. « Il faut nous remettre la marche en avant dans les négociations, a indiqué Xavier Beulin. D’autant que nous avons quelques informations sur ce qui se prépare pour les négociations qui se termineront en février 2017. On est à nouveau sur des demandes de baisse significative de la part des centrales d’achat des distributeurs. » Le syndicat réclame au futur chef de l’État de poser de nouvelles règles et d’en être l’arbitre.

Rosanne Aries