À l’aube de leur 85e Congrès national, qui se déroulera à Agen les 2 et 3 février prochains, les Entrepreneurs des territoires veulent rester optimistes. « Pourtant, c’est la première fois depuis plus de 10 ans que nous avons perdu des emplois dans le secteur agricole », constate amèrement Gérard Napias, le président de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT). L’emploi dans le secteur forestier a aussi été touché.
Les entrepreneurs imputent ce recul à la loi de finances pour 2015 qui a supprimé l’exonération des charges sociales sur les contrats des travailleurs occasionnels et des demandeurs d’emploi (TODE). « Pour nous, cela représente une augmentation du coût du travail de 2 € de l’heure, une hausse que nous ne pouvons pas répercuter sur les clients, enchaîne Patrice Gauquelin, président de l’Union régionale des EDT de Normandie. Conséquence logique, nous avons été plus sélectifs sur les candidats et étudié la possibilité de robotiser certains travaux. »
Taxation pénalisante des CDD
À la fin de l’exonération pour les TODE s’ajoutent les effets de la loi El Khomri et sa taxation des CDD. « Avec nos activités très liées à la saisonnalité, nous embauchons souvent sur des courtes périodes, explique Gérard Napias. Compte tenu de la crise que traverse le secteur agricole, la FNEDT (Fédération nationale des entrepreneurs des territoires) pense qu’une nouvelle hausse du coût du travail n’est pas souhaitable. Finalement, ce sont surtout ces réformes qui ont pénalisé notre activité, plus que la crise agricole. »
Avec les difficultés de trésorerie des agriculteurs, les banques refusent de plus en plus de leur accorder des prêts pour l’achat de matériel. « Et quand le prêt Agilor est refusé, c’est vers les entrepreneurs qu’ils se tournent », constate le président.
Faire évoluer les relations avec les agriculteurs
L’un des grands axes d’évolution pour les entrepreneurs est la professionnalisation de leurs relations avec leurs clients agriculteurs. « Nous nous sommes fortement professionnalisés sur la prestation réalisée, se félicite Patrice Gauquelin, mais quand il s’agit de conclure un accord avec un agriculteur, nous en sommes encore à la poignée de main et au respect de la parole donnée. Avec la nouvelle génération, ce n’est plus possible. Il faut apprendre à contractualiser nos prestations. »
La FNEDT souhaite aussi accompagner ses adhérents dans l’anticipation des nouvelles pratiques et de l’évolution de la demande des agriculteurs. « L’entrepreneur doit apparaître comme une solution économiquement et techniquement intéressante dans une transition vers le bio ou l’intégration du numérique », insiste Gérard Napias.
Je n’ai qu’une requête pour le futur président de la République : diminuer le coût du travail, surtout pour la main-d’œuvre occasionnelle
Gérard Napias, président d’Entrepreneurs des territoires