La commission de l’agriculture du Parlement européen (Comagri) a adopté ce jeudi 29 septembre 2016 à une large majorité (32 pour, 7 contre, 0 abstention) le rapport de l’eurodéputé français Éric Andrieu (PS) « Comment la Pac peut-elle améliorer la création d’emplois dans les zones rurales ». Le rapport devrait être adopté en session plénière le 25 octobre prochain à Strasbourg.

La Comagri préconise de faire de la Pac un véritable instrument au service de l’emploi tout en garantissant une alimentation saine et accessible au plus grand nombre. Éric Andrieu, son vice-président, s’est félicité du résultat. « C’est la première fois en 54 ans que le sujet de l’emploi et de la Pac est directement abordé. L’emploi n’a jamais été une priorité de la Pac », note l’eurodéputé qui entend ainsi relégitimer la Pac.

Lors de la précédente réforme de la Pac, une distribution des aides directes corrélée à l’emploi avait bien été abordée, mais aussitôt abandonnée quand les ministres européens de l’Agriculture ont notamment constaté l’ampleur du transfert de fonds vers les pays de l’Est.

Une Pac dans l’impasse

300 amendements parlementaires sont venus enrichir un rapport finalement soutenu par l’ensemble des groupes politiques, à l’exception des libéraux et d’une partie des conservateurs, « opposés à la priorité donnée aux fermes familiales dans le rapport », indique son auteur. Celui-ci préconise, en effet, de privilégier, par le soutien direct, les petites et moyennes exploitations qui représentent 79 % des exploitations européennes.

« Les réformes successives ont favorisé les modèles d’exploitations intensifs orientés vers les marchés à l’exportation, au détriment des structures familiales, pourtant plus performantes en ce qui concerne l’emploi et plus résilientes », souligne-t-il. Pour lui, la Pac actuelle conduit dans une « impasse ». Il recommande une reterritorialisation de l’agriculture en prenant en compte la question de la santé publique.

Adapter les outils de gestion de marchés

Le député préconise également d’adapter les outils de régulation des marchés et de lutte contre la volatilité des prix : « Depuis les années quatre-vingt-dix, la Pac a laissé le libre cours au seul marché, dévastateur pour les agriculteurs, l’emploi, l’économie des territoires et dangereux pour notre sécurité alimentaire. »

Le rapport demande enfin aux États membres de mettre en œuvre une stratégie globale de renouvellement des générations, en soutenant fortement les jeunes agriculteurs. « La catégorie des agriculteurs de moins 35 ans ne représente que 7 % de la totalité des exploitations. Le renouvellement générationnel n’est pas assuré et avec lui l’avenir de nombreux territoires », rappelle l’eurodéputé.

Arielle Delest