Le 7 mai, les Français choisiront entre le social-libéralisme d’Emmanuel Macron et le nationalisme de Marine Le Pen. Entre deux visions de la France, de l’Europe, du monde… et de l’agriculture. Résolument pro-Europe, le premier croit aux vertus du libre-échange et veut renforcer la compétitivité économique de l’agriculture. La seconde n’a jamais cru à la Pac, veut en finir avec le libre-échange absolu et prône avant tout le patriotisme économique et alimentaire.

Tous deux promettent du changement… Mais gare aux effets d’annonce ! Les aides promises par Emmanuel Macron sont à replacer dans leur contexte, comme les 200 millions d’euros pour financer les services environnementaux, qui ne sont qu’une augmentation de l’enveloppe dédiée aux MAEC dans le cadre de la Pac… sans préciser si c’est au détriment d’autres lignes de budget ! Autre tentative de séduction, sa promesse de simplifier les normes, qui s’inscrit en fait dans un processus déjà engagé. Un comité de rénovation des normes agricoles a en effet été mis en place par Manuel Valls en 2016 et a livré ses premières propositions le mois dernier. Quant à son engagement à séparer le conseil et la vente de produits phyto, le sujet fait l’objet d’une expérimentation lancée en février dernier par Ségolène Royal. À part quelques propositions nouvelles sur l’allégement de charges, l’accès au chômage ou encore le « droit à l’erreur », le candidat d’En Marche se situe globalement dans la continuité du quinquennat qui s’achève.

« Politique agricole française »

En face, les positions de Marine Le Pen sont beaucoup plus tranchées – mais pas plus précises –, basées sur la renationalisation de la politique agricole et un coup d’arrêt au libre-échange. Récupérer les neuf milliards d’euros de contribution française à la Pac, et les redistribuer sans la tutelle contraignante de Bruxelles, est une promesse alléchante. Mais dans un cadre national, qui garantit que ce budget de neuf milliards sera maintenu pour l’agriculture ? Autre pari osé : celui que l’Union ne fait pas la force, et qu’une renégociation des accords commerciaux sera forcément bénéfique à la France. Parce que l’extrême-droite prône une véritable rupture, elle interroge. Sur le réalisme des propositions, mais aussi sur les conséquences d’un tel repli sur soi, pour le monde agricole et bien au-delà.

Quelle que soit l’issue du second tour, la bataille ne s’achèvera pas le 7 mai. Le gagnant du scrutin devra encore rassembler une majorité aux élections législatives du mois de juin, afin de pouvoir mettre en œuvre son projet présidentiel.